L’ex-Premier ministre malaisien bel et bien coupable

 

 

L’ex-Premier ministre malaisien Najib Razak a été reconnu coupable mardi dans son premier procès pour corruption, deux ans après la chute de son gouvernement dans le retentissant scandale 1MDB.

L’ancien dirigeant de 67 ans risque des années de prison dans cette affaire où il est accusé d’avoir avec ses proches pillé le fonds souverain 1Malaysia Development Berhad (1MDB), censé contribuer au développement économique de la Malaisie, une fraude de plusieurs milliards de dollars aux ramifications planétaires.

Une partie des fonds détournés aurait ainsi servi à financer le film «Le Loup de Wall Street» avec Leonardo DiCaprio, tandis que la banque Goldman Sachs a été éclaboussée par l’affaire.

La colère des Malaisiens contre ce pillage a joué un grand rôle dans la défaite électorale surprise en 2018 de la coalition menée par Najib Razak, qui dirigeait le gouvernement depuis 2009.

Le verdict met cependant à l’épreuve la vigueur de l’état de droit en Malaisie, alors que le parti de Najib Razak a regagné le pouvoir en mars après la chute d’une coalition réformiste. Certains redoutent que l’alternance n’affecte l’issue de ce procès.

Appel

Seize mois après l’ouverture des débats, la Haute cour de Kuala Lumpur rendait mardi sa décision dans ce premier procès, qui portait sur le transfert de 42 millions de ringgits (9,9 millions de dollars) de SRC International, une entité du fonds, vers les comptes bancaires de Najib Razak.

Ce dernier a systématiquement rejeté toutes les accusations.

Mais le juge Mohamad Nazlan Mohamad Ghazali a méthodiquement balayé mardi matin tous ses arguments pour le déclarer coupable des sept chefs d’accusation d’abus de pouvoir, abus de confiance et blanchiment d’argent.

«Après examen de toutes les preuves dans ce procès, je considère que le parquet a étayé son dossier avec succès», a déclaré le magistrat.

L’abus de pouvoir et l’abus de confiance sont passibles de 20 ans de prison, le blanchiment d’argent de 15 années de détention.

La peine n’a pas été rendue. Najib Razak devrait faire appel et pourrait éviter pour l’instant d’être placé en détention. Une confirmation de sa condamnation l’écarterait pour de nombreuses années de toute fonction officielle.

Il ignorait tout

Najib Razak affirme qu’il ignorait tout des transferts d’argent. Ses conseils ont présenté l’ex-Premier ministre en victime, désignant le financier malaisien, Low Taek Jho, comme principal responsable et «cerveau» du pillage.

Aussi surnommé Jho Low, l’homme poursuivi en Malaisie et aux Etats-Unis, reste introuvable mais a protesté de son innocence par l’intermédiaire de ses avocats.

Abandon des poursuites

Le retour au pouvoir en mars de l’UMNO dans un gouvernement de coalition a fait suite à la chute de l’alliance réformatrice de Mahathir Mohamad.

Depuis, contre toute attente, des poursuites contre Riza Aziz, le beau-fils de l’ex-Premier ministre et l’un des producteurs du «Loup de Wall Street» ont été abandonnées dans le cadre d’un accord avec le ministère public.

Le parquet a aussi renoncé à plusieurs dizaines de chefs d’inculpation contre un allié de l’ex-Premier ministre, Musa Aman, ancien leader de l’Etat malaisien de Sabah.

Les détournements jugés dans le premier procès de Najib Razak sont modestes au regard de ceux visés par son deuxième procès, le plus important, qui porte sur plus de 500 millions de dollars.

Le ministère américain de la Justice, qui mène sa propre enquête sur des allégations de blanchiment d’argent par le biais du système financier américain, estime que 4,5 milliards de dollars ont été détournés du fonds souverain par l’ex-Premier ministre malaisien et ses proches.

La Malaisie avait accusé Goldman Sachs et plusieurs de ses responsables d’avoir permis les détournements en organisant une émission obligataire de 6,5 milliards de dollars pour 1MDB.

Mais vendredi, la Malaisie a conclu un accord de 3,9 milliards de dollars pour mettre fin aux poursuites contre le géant de Wall Street.

L’ex-dirigeant de 67 ans est au centre de trois procès distincts liés au fonds 1MDB.

(AFPE/NXP)