Procès des attentats de 2015: les images insoutenables de la tuerie à Charlie Hebdo

 

En France, la deuxième semaine du procès des attentats de janvier 2015 a débuté ce 7 septembre. La cour s’est concentrée sur l’attaque contre Charlie Hebdo par Saïd et Chérif Kouachi jusqu’à l’assassinat du policier Ahmed Merabet. Le commissaire en charge de l’enquête a détaillé le parcours meurtrier des deux frères, en s’appuyant notamment sur des vidéos et un panoramique de photos permettant de visualiser en trois dimensions la rédaction, juste après la tuerie.

Avec notre envoyée spéciale au Tribunal de justice de Paris, Laura Martel

L’enquêteur avait prévenu : les corps des victimes sont visibles sur les images. Certaines parties civiles ont alors préféré quitter la salle, d’autres se blottir les unes contre les autres. Un silence de plomb régnait dans la salle. Le panoramique projeté sur grand écran plongeait l’assistance au cœur des locaux du journal et dans l’horreur.

Dès le hall d’entrée, on voit une mare de sang sous une chaise, celle du webmaster Simon Fieschi, grièvement blessé. Du sang, encore, dans la salle de rédaction, où gisent la plupart des victimes, corps entremêlés. Un peu à l’écart, celui de Charb. Le directeur de publication a fait l’objet d’un acharnement particulier. Sept balles l’ont touché dont trois à la tête, indique le commissaire, qui détaille les faits et les blessures des victimes, presque à voix basse.

Vient ensuite cette vidéosurveillance de l’arrivée des terroristes, calmes, déterminés. Après avoir visé Simon Fieschi, Chérif Kouachi disparaît. Saïd reste faire le guet. Une minute et 49 secondes, c’est le temps à la fois court et interminable durant lequel seule une épaisse fumée trahit la tuerie en cours.

Puis Chérif Kouachi réapparaît, le poing brandi. Cette vidéo était muette. Pas la suivante. Cette fois, les tirs de Kalachnikov claquent. La salle sursaute, puis on distingue les mots du policier Ahmed Merabet qui, blessé, plaide pour sa vie avant d’être abattu. Quand l’écran s’éteint, une sorte de souffle se fait entendre, comme si la salle, en apnée, se remettait collectivement à respirer.

À partir du 8 septembre, la cour va entendre survivants et proches de victimes. Une parole d’autant plus cruciale après le choc des images diffusées, estime Me Caty Richard, avocate du fils de Bernard Maris.

rfi