Moissonneuse des criquets : Une machine pour lutter contre les invasions acridiennes

 

 

L’enseignant-chercheur, Sanoussy Diakité, a créé une nouvelle machine dénommée «moissonneuse des criquets». Elle est conçue pour lutter contre les invasions acridiennes. Elle permettra aussi de préserver l’environnement, car pour lutter contre ces envahisseurs, on utilise souvent des produits chimiques qui détruisent les sols.

«Moissonneuse des criquets.» C’est le fruit de la nouvelle invention de Sanoussy Diakité, enseignant-chercheur en Sciences et techniques de fabrication mécanique, ingénieur des systèmes de formation.  Le prototype a été présenté hier au Lycée Technique Maurice de Lafosse. Cette machine,  destinée à  lutter contre les invasions des criquets, est une inspiration, dit-il,  du livre de l’économiste Moustapha Diakité, qui a préconisé dans son ouvrage de capturer les criquets et de les utiliser pour la nourriture des poissons et de la volaille.  Les criquets, déclare l’enseignant-chercheur, sont très dangereux. «Un essaim de criquets peut contenir 90 000 espèces. Et si les conditions météoritiques sont réunies, ils essaiment plus vite», indique-t-il  en soulignant qu’un «essaim de criquets peut ravager des cultures et affamer 35 mille personnes».  Et l’intérêt de la «moissonneuse des criquets»,  «se voit à travers le péril que représentent les criquets dans le monde, car un criquet peut pondre 300 œufs et peut durer pendant trois mois».
De l’avis de  l’ingénieur qui a arboré sa blouse d’enseignant pour expliquer le fruit de son invention, ce procédé mécanique est même un enjeu de sécurité alimentaire en luttant contre les invasions des criquets. «Il permet  de rompre avec la méthode de lutte contre les invasions des criquets qui consiste à utiliser les produits chimiques», dit-il.
A l’en croire,  la méthode chimique qui a été toujours utilisée,  a des conséquences néfastes sur l’environnement, car les produits chimiques détruisent le sol. «Ce  n’est pas une solution viable», se convainc-t-il, en rappelant qu’il faut lutter contre les changements climatiques.
Cette machine,  explique  l’ingénieur des systèmes de formation,  a un débit horaire en termes de 960 000 criquets par heure.  Mais il faut le mettre en corrélation avec le poids des criquets qui est de 3 g pour savoir le tonnage de criquets qu’on peut récolter, prévient M. Sanoussy Diakité.
Selon toujours ses explications, «la moissonneuse assure la capture des criquets au vol, par aspiration à travers  un canal tournant autour de son  axe et éventuellement réglable en hauteur et effectue  le broyage et le refoulement par projection  vers un back de stockage remorquable disposé au regard du canal de refoulement».  Pour utiliser cette machine, il faut la placer sur un véhicule qui se déplace en suivant le mouvement de l’essaim des criquets dans le sens opposé  du vent.  D’après l’inventeur, le conducteur sur le véhicule  est chargé de manipuler la machine. Et pour une lutte plus efficace contre les criquets, l’attaque de ces derniers est organisée en fonction d’un convoi composé de plusieurs véhicules équipés, couvrant une large bande suivant les indications météorologiques.
En fait, Sanoussy Diakité admet de manière latente les limites de sa création. «Si les criquets ne sont pas en vol, cette machine n’est pas opérationnelle. C’est pourquoi il est bon d’avoir la version des agents de la météo pour pouvoir récolter les criquets quand ils sont en vol», dit-il.
Abondant dans le même sillage, un membre de la Direction de la protection des végétaux (Dpv), qui a promis  d’accompagner cette initiative,  a  souligné qu’avec cette machine, il est impossible de procéder à la récolte si les criquets sont au sol.  C’est dans ce sens qu’il propose de prévoir un système de récolte quand les criquets  sont au sol. En tout cas Sanoussy Diakité n’en est pas à sa première création si l’on se fie aux confidences de Balla Thiam proviseur du Lycée Technique De Lafosse. «Il est une fierté pour nous», dit-il, en soulignant les bons résultats enregistrés par cet établissement sur tous les niveaux et toutes les filières malgré la pandémie du coronavirus.

PAR JUSTIN GOMIS  – LEQUOTIDIEN.SN