Prof décapité en France: L’assaillant a demandé à des élèves de lui désigner la victime

 

 

Le Russe d’origine tchétchène ayant décapité vendredi près de Paris un professeur qui avait organisé un débat dans sa classe où avaient été montrées des caricatures du prophète Mahomet, était présent légalement en France et bénéficiait du statut de réfugié, a expliqué samedi le procureur anti-terroriste.

Le jeune homme, né le 12 mars 2002 à Moscou, «était porteur d’un titre de séjour délivré le 4 mars dernier et valable jusqu’en mars 2030 (…). De nationalité russe et d’origine tchétchène, il bénéficiait du statut de réfugié», a déclaré Jean-François Ricard lors d’une conférence de presse. «Il était inconnu des services de renseignement», a-t-il ajouté, rappelant qu’il était en revanche connu des services de police pour des faits de droit commun, mais jamais condamné.

Revendications sur Twitter

Il résidait à Evreux, dans un autre département, et M. Ricard n’a pas précisé s’il avait à un moment fréquenté le collège Bois d’Aulne, à Conflans-Sainte-Honorine, où travaillait la victime.

Le magistrat a précisé qu’un message de revendications posté sur Twitter juste après le meurtre, faisant le lien avec Mahomet, émanait bien de cet individu. «Les investigations ont pu confirmer qu’il s’agissait bien d’un compte appartenant à l’auteur des faits», a-t-il déclaré.

Le magistrat faisait un point sur l’assassinat vendredi de Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie de 47 ans, décapité alors qu’il rentrait chez lui après sa journée de travail. «Selon les premiers témoignages, l’auteur des faits se trouvait devant le collège dans l’après-midi et avait sollicité des élèves afin qu’ils lui désignent la future victime», a déclaré le procureur selon Franceinfo.

Comment un cours sur la liberté d’expression a mené au drame

Le professeur d’histoire du collège du Bois d’Aulne a été ciblé en raison de caricatures de Mahomet qu’il a montrées en classe de 4e, le 5 octobre dernier, lors d’un cours sur la liberté d’expression. «Un débat avait été organisé sur la publication des caricatures de Mahomet (…) dès le 7 octobre au soir, le père d’une des élèves publiait sur son compte Facebook un récit des faits faisant état de la diffusion d’une image du prophète nu et appelait à la mobilisation contre le professeur, a précisé Jean-François Ricard, procureur anti-terroriste, samedi.

Le père de cette élève demandait dans son message l’exclusion du professeur et indiquait son numéro de téléphone. il a porté plainte pour «diffusion d’image pornographique». L’élève a indiqué que Samuel Paty avait demandé aux élèves musulmans de lever la main et de sortir de classe. Le professeur a été entendu quelques jours plus tard. Il conteste avoir demandé aux élèves musulmans de sortir mais dit avoir proposé à ses élèves de ne pas regarder les dessins. Il a aussi déposé plainte pour diffamation publique.

Le magistrat a par ailleurs confirmé que neuf personnes se trouvaient en garde à vue, dont le père d’une élève, qui avait désigné à la vindicte le professeur sur les réseaux sociaux. Il a précisé que «la demi-soeur de cet homme avait rejoint l’organisation Etat islamique en 2014 en Syrie et qu’elle fait à ce titre l’objet d’un mandat de recherche par un juge d’instruction anti-terroriste»

Réactions des parents d’élèves

Depuis la vague d’attentats jihadistes sans précédent amorcée en 2015 en France, qui a fait 259 morts avec ce professeur, plusieurs attaques ont été perpétrées à l’arme blanche, notamment à la préfecture de police de Paris en octobre 2019, ou à Romans-sur-Isère en avril dernier.

(cga/afp)