Négociations post-Brexit: Londres prêt à négocier pour éviter le «no deal»

 

Le Royaume-Uni a accepté mercredi de reprendre dès jeudi les négociations commerciales post-Brexit avec l’UE. Il estime avoir reçu des assurances suffisantes pour donner une nouvelle chance aux discussions en vue d’échapper à un «no deal» potentiellement dévastateur.

Après près d’une semaine passée à se renvoyer la balle, Londres et Bruxelles ont acté la reprise du dialogue lors d’un appel entre leurs négociateurs David Frost et Michel Barnier, le troisième cette semaine.

Un sprint s’ouvre désormais pour combler le fossé qui les sépare sur des questions essentielles comme la pêche ou l’alignement des normes. Les Européens estiment qu’un accord doit être conclu avant fin octobre pour s’appliquer le 1er janvier prochain, à la fin de la période de transition suivant leur divorce le 31 janvier dernier.

«Différences significatives»

«Clairement, des différences significatives demeurent entre nos positions sur les sujets les plus difficiles, mais nous sommes prêts avec l’UE, de voir si c’est possible de les rapprocher lors de discussions intensives», a indiqué un porte-parole du Premier ministre Boris Johnson dans un communiqué. «Il est tout à fait possible que les négociations échouent», a-t-il averti.

La Commission européenne a aussitôt annoncé qu’une équipe de négociateurs partirait dès jeudi pour Londres. Les discussions doivent s’y tenir jusqu’à dimanche. Ensuite, elles auront lieu en personne ou par visioconférence, selon ce qui sera décidé.

Elles sont prévues de manière quotidienne, week-end compris et sur la base de textes légaux, comme le voulait Londres sans attendre un compromis de principe.

Déjà difficiles, les discussions post-Brexit se sont envenimées jeudi dernier. En sommet, les 27 ont exigé des concessions de Londres pour arriver à un accord applicable l’année prochaine, quand leurs règles cesseront de s’appliquer sur le territoire britannique.

Boris Johnson a alors déclaré les pourparlers «terminés» et demandé à son pays de se préparer à un «no deal», une perspective potentiellement dévastatrice pour des économies déjà ébranlées par la pandémie de Covid-19.

Porte entrouverte

Londres avait cependant laissé la porte «entrouverte», disant attendre un «changement fondamental d’approche» des Européens pour renouer le dialogue.

Le rapprochement s’est effectué en plusieurs temps. Lundi Michel Barnier a affirmé que l’UE restait «disponible pour intensifier» les discussions, pour la première fois «sur la base de textes juridiques» sans attendre la conclusion des discussions, une demande majeure de Londres.

Mercredi matin, devant les eurodéputés, il s’est dit prêt à rechercher «les compromis nécessaires, de chaque côté», un geste aussitôt relevé «avec intérêt» par Downing Street.

«Tout futur accord se fera dans le respect de l’autonomie de décision de l’Union européenne et dans le respect de la souveraineté britannique», a-t-il également promis en s’exprimant devant les eurodéputés. «Malgré les difficultés», il a jugé un accord toujours à «portée».

«Le beurre et l’argent du beurre»

Les discussions butent toujours sur trois sujets: l’accès des Européens aux poissonneuses eaux britanniques, les garanties réclamées à Londres en matière de concurrence et la manière de régler les différends dans le futur accord.

S’exprimant lui aussi devant le parlement européen mercredi, le président du Conseil européen, Charles Michel, a reproché à Londres de vouloir accéder au marché unique européen «tout en étant capable de s’écarter de nos normes et réglementations, quand cela lui convient». «On ne peut pas avoir le beurre, l’argent du beurre, et le sourire de la crémière», a-t-il lancé.

Sans accord, les échanges entre les deux parties seront régis dès le 1er janvier par les règles de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC), synonymes de droits de douane élevés. Même en cas de compromis évitant cette brusque rupture, les entreprises doivent se préparer à des démarches chronophages pour exporter et se plier aux normes respectives.

(ATS/NXP)