Thaïlande: Le Premier ministre thaïlandais refuse de démissionner

 

Les contestataires thaïlandais appellent à de nouvelles manifestations dimanche après que le Premier ministre a ignoré leur ultimatum l’exhortant à démissionner, dernier acte du vent de fronde qui secoue le royaume pour demander plus de démocratie et une réforme de la monarchie.

Un rassemblement est prévu dans l’après-midi à Bangkok, ont annoncé des organisateurs du mouvement. Lundi, les militants souhaitent marcher vers l’ambassade d’Allemagne, un nouveau signe de défi au roi, Maha Vajiralongkorn, qui séjourne très fréquemment dans ce pays. Les protestataires, qui manifestent depuis l’été, exigent la démission du chef du gouvernement, Prayut Chan-O-Cha, au pouvoir depuis le coup d’État de 2014 et légitimé par des élections controversées l’année dernière.

«Je ne démissionnerai pas», a déclaré le Premier ministre samedi soir, alors que les activistes pro-démocratie lui avaient donné trois jours pour le faire. «Nous prenons acte de la réponse du Premier ministre», a réagi Jatupat «Pai Dao Din» Boonpattararaksa, un des leaders du mouvement, appelant à de nouvelles manifestations. «Pai Dao Din» fait partie des dizaines d’activistes qui ont été arrêtés ces derniers jours, mais il a depuis été libéré sous caution.

Appels au calme et au dialogue

Le mouvement demande aussi une révision de la Constitution, concernant notamment le Sénat, jugé trop proche de l’armée, et une réforme de la puissante et richissime monarchie, un sujet tabou il y a encore peu. Maha Vajiralongkorn n’a pas directement commenté les événements en cours.

Mais, fait rarissime, il est apparu plusieurs fois en public ces derniers jours, rompant même avec le protocole pour féliciter vendredi l’un de ses partisans qui avait brandi un portrait de son père face aux contestataires. «Très courageux (…) Merci», a-t-il déclaré, selon une vidéo publiée sur Facebook. Le gouvernement alterne, lui, manière forte et douce.

Les principaux leaders du mouvement ont été emprisonnés et un état d’urgence «renforcé» a été imposé la semaine dernière, puis levé au bout de quelques jours alors que des milliers de manifestants bravaient l’interdiction de rassemblement en continuant à descendre dans la rue. Mais les autorités ont aussi lancé plusieurs appels au calme et au dialogue.

Le gouvernement a «entendu les préoccupations des manifestants» et souhaite «une désescalade des tensions», a déclaré son porte-parole, Anucha Burapachaisri, plaidant pour une solution via «un processus parlementaire». Le Parlement est convoqué en session extraordinaire à partir de lundi. Mais comme les sénateurs sont nommés par le gouvernement et que beaucoup viennent des rangs militaires, il est peu probable qu’ils abandonnent volontiers leurs prérogatives.

(AFP/NXP)