Bélarus: L’opposition est de retour dans les rues de Minsk

 

 

Une nouvelle manifestation contre le président Alexandre Loukachenko a lieu dimanche dans la capitale bélarusse. Au moins 388 personnes auraient été interpellées, selon une organisation de défense des droits humains.

Les partisans de l’opposition bélarusse sont descendus dans la rue dimanche pour une nouvelle manifestation contre le président Alexandre Loukachenko, sur fond de colère suite à la mort d’un opposant qui avait été interpellé par la police.

Les forces de l’ordre ont commencé à disperser la manifestation à Minsk quasi immédiatement après son début à 12h00 (10h00 en Suisse) en utilisant notamment des grenades assourdissantes et du gaz lacrymogène, selon les médias locaux, qui ont diffusé des vidéos montrant des hommes cagoulés chassant un groupe de personnes sur une avenue.

Selon l’organisation bélarusse de défense des droits humains Viasna, au moins 388 personnes ont été interpellées par la police, parmi lesquelles figurent deux journalistes.

Échauffourées

Sur les réseaux sociaux, des utilisateurs bélarusses ont fait état d’échauffourées avec la police antiémeute dans certaines cours d’immeubles, photos à l’appui.

«Loukachenko a utilisé du gaz, des grenades et des armes à feu contre les protestataires. Beaucoup de blessés. Dévastée», a réagi sur Twitter la figure de proue de l’opposition, Svetlana Tikhanovskaïa, réfugiée en Lituanie.

Avant la manifestation, une quinzaine de stations de métro ont été fermées et le réseau mobile connaissait des coupures, selon une journaliste de l’AFP.

Hommage à un opposant décédé

Cette manifestation fait suite à celle de vendredi, lorsque des milliers de personnes avaient protesté en hommage à un opposant décédé après son interpellation dans ce pays secoué par une vague de contestation inédite, depuis la présidentielle controversée du 9 août.

Roman Bondarenko, 31 ans, a été arrêté par la police mercredi après une altercation entre des habitants et des hommes masqués qui retiraient des rubans rouges et blancs, les couleurs de l’opposition, accrochés dans une cour d’immeuble de Minsk.

Souffrant de lésions cérébrales, il est mort le lendemain dans un hôpital, sur fond de lourds soupçons de passage à tabac lors de sa détention. Svetlana Tikhanovskaïa avait appelé à rendre hommage à un «homme qui a été tué car il voulait vivre dans un pays libre».

Le président Alexandre Loukachenko a présenté vendredi ses condoléances et ordonné une enquête «honnête et objective» sur les circonstances de la mort de Roman Bondarenko.

Quatre décès

Depuis le début de la contestation, au moins quatre personnes sont mortes lors de manifestations ou après leur interpellation mais d’autres décès suspects laissent présager un bilan plus lourd.

Des milliers de manifestants ont par ailleurs été arrêtés depuis le début du mouvement et des dizaines d’entre eux ont dénoncé des tortures durant leur détention.

Soutenu par Moscou, Alexandre Loukachenko refuse de quitter le pouvoir et n’a évoqué que de vagues réformes constitutionnelles pour tenter de calmer la protestation.

(ATS/NXP)