MINERVE – Le Petit dictionnaire des revirements

 

 

C’était une prise de service de Idrissa Seck et non une passation de services au Conseil économique, social et environnemental (Cese). Il y avait hier dans cette tonalité, cette ambiance et sur ses lèvres, la nostalgie du micro, de la parole, de la rhétorique comme il sait bien le faire. Mais il faut reconnaître que dans ce ton Seck, il y a un nouveau Idy : plus humble, plus réaliste. Parce qu’il faut avoir la peau dure pour accepter ce poste de président du Cese que l’on a voulu supprimer. Il faut être un caméléon pour voir une «nuance» entre «je n’accepterai plus une nomination par décret» et «je ne souhaite plus accepter une nomination par décret». Ce n’est pas pour rien d’ailleurs que sa réponse-justification a provoqué une hilarité. C’était comme dans une salle de théâtre. Pourquoi alors, n’a-t-il pas vu une autre «nuance» dans sa déclaration, pourtant circonstanciée, de vouloir supprimer l’institution qu’il préside aujourd’hui parce que «inutile» ? Mais bon, le leader de Rewmi est connu pour être subtile. Et l’élève Idy a bien su la leçon du Maître, Wade. Dans ses spectaculaires volte-face ou reniements, l’ancien Président a dû refaire son portrait pour se faire pardonner. «Je suis un homme nuancé», s’était-il décrit. Au point même que certains analystes avaient adopté cette «nuance politique» wadienne avec méfiance et prudence dans leurs lectures. Mais on ne peut être nuancé sur tout. Surtout quand la Var est là. Comme le wax waxeet de Wade, le fassoumaa yeené de Idy entre dans le «Petit dictionnaire politique sénégalais». Que c’est difficile de nier le flagrant délit !
Le successeur de Aminata Touré a dit tout son engagement à faire jouer à l’institution son rôle. Mais les conseillers ne pourront que réfléchir et proposer comme il le veut pour l’émigration clandestine, les inondations, l’érosion côtière… Ce sont là les chantiers du Cese. Tiens, ça rime avec chantiers de Thiès. Mais attention à la ressemblance jusque dans les conséquences ! Parce que même si, comme il le chante aujourd’hui, «entre l’Apr et Rewmi, c’est comme Mbourou ak soow (pain et lait)», il ne faut pas oublier qu’entre lui et Wade (lui et moi), c’était comme «une paire de ciseaux». Mais qui a fini par couper leurs relations.

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