Coronavirus: La pandémie a mis à nu les fragilités de l’OMS

 

La pandémie a mis à nu les fragilités de l’OMS: une institution dotée de moyens insuffisants et d’un «pouvoir limité» face aux Etats, selon un rapport d’experts indépendants mandatés par l’agence onusienne.

Co-présidé par l’ancienne Première ministre néo-zélandaise, Helen Clark et l’ancienne présidente du Liberia, Ellen Johnson Sirleaf, le Groupe indépendant sur la préparation et la riposte à la pandémie, a présenté mardi son rapport intérimaire devant le Conseil exécutif de l’Organisation mondiale de la santé, qui se réunit jusqu’au 26 janvier.

Selon le rapport, l’OMS et la Chine auraient pu agir plus vite et plus fort pour alerter en janvier 2020.

Mais le document révèle aussi que l’agence spécialisée de l’ONU «n’a pas été dotée de moyens suffisants pour accomplir ce qu’on attend d’elle», et n’a aucun pouvoir de contrainte.

«Aucun pouvoir de contrainte»

«En fin de compte, l’OMS n’a pas le pouvoir de faire respecter quoi que ce soit ou d’enquêter» de son propre chef «dans un pays», a déclaré Ellen Johnson Sirleaf, en conférence de presse.

«En cas d’apparition de maladie nouvelle, la seule chose que l’OMS peut faire c’est de demander à être invitée et d’espérer l’être», a-t-elle dit.

Le Groupe indépendant juge «frappant» le «pouvoir limité» de l’OMS lors de flambées de maladies pour notamment «être en mesure de déployer localement des moyens de soutien et d’endiguement».

«Les incitations à la coopération sont insuffisantes pour assurer une participation effective des Etats (…) avec la discipline, la transparence, la responsabilisation et la rapidité voulues», relève le rapport.

«Tous les Etats membres se tournent vers l’OMS en vue d’obtenir un leadership, une coordination et des conseils, mais ils ne lui donnent pas l’autorité, l’accès et tout le financement nécessaire pour y parvenir. Il est clair que cela ne fonctionne pas», a affirmé l’ancienne présidente du Liberia.

«Sa plus forte alerte»

Le panel juge également que le système mondial d’alerte pandémique n’est pas adapté aux besoins.

«Les agents pathogènes peuvent se déplacer en quelques minutes et en quelques heures, et non en quelques jours et en quelques semaines», a ironisé Helen Clark, en expliquant que le système d’alerte semble procéder d’une ère analogique révolue et doivent être adaptés à l’ère numérique.

Et d’ajouter: «Ce n’est qu’un mois après que l’alarme ait été donnée à Wuhan que le système international a fait sonner sa plus forte alerte» pour une épidémie.

Dans une majorité croissante de cas, l’OMS prend connaissance d’alertes concernant des flambées par le biais des médias sociaux ou d’informations parues dans la presse, constate également le rapport.

Les conclusions finales du panel seront publiées en mai devant l’assemblée générale de l’OMS.

(AFP)