Couvre-feu : Banjul, la nouvelle «piste» de danse des fêtards sénégalais

 

 

Cela pourrait paraître complètement surréaliste, mais pour éviter les restrictions sanitaires en vigueur dans la capitale Dakar, des Sénégalais prennent le large, le temps d’un week-end. Destination, la Gambie pour des «Nigth Party» où l’évasion est garantie…

Derrière la lourde porte en métal, ils semblent avoir abandonné tous leurs complexes… A l’intérieur, entre des murs insonorisés, l’atmosphère se remplit de moiteur au fur et à mesure que la nuit avance. Autour du bar, sous une lumière tamisée, des couples se forment et se trémoussent au rythme entraînant de la musique électronique qui s’échappe des enceintes disséminées dans la discothèque. Des vapeurs d’alcool se mêlent aux bouffées de cigarette lâchées par des fumeurs. Sur le dancefloor, hommes et femmes claquent les semelles de leurs pompes sur le sol dallé. De temps à autre, le flash des lasers et projecteurs vient troubler des moments d’évasion, des jeux de mains… Ici la distanciation sociale est loin d’être respectée, pas plus que le couvre-feu n’a été décrété. Nous sommes à Banjul, à des kilomètres à la ronde du Sénégal, le nouveau «paradis» des épicuriens sénégalais en cette période de couvre-feu. Pas question pour eux de se conformer aux restrictions sanitaires imposées par la pandémie du Coronavirus. Ils ont trouvé un moyen bien subtil de les contourner. Se rendre en Gambie où les «libertés» ne sont pas encore restreintes…

«VSD Night Party»
L’idée est assez ingénieuse. Elle est sortie de l’imagination fertile des affidés du monde de la nuit. «Impactés» par les conséquences du Covid-19, ils ont été contraints, pour certains, de surseoir à leurs plaisirs nocturnes, et pour d’autres, de suspendre leurs activités qui tournaient autour des boîtes de nuit. Les autorités sénégalaises ont, dans l’optique de freiner la propagation du virus, pris un certain nombre de mesures. Parmi elles, l’interdiction des rassemblements, fermeture des lieux publics tels que les discothèques et autres bars au-delà de certaines heures. Dernièrement, les choses se sont encore plus corsées avec l’instauration du couvre-feu de 21 à 5H du matin. Dès lors, les gérants de ces lieux branchés n’ont eu d’autres choix que de s’aligner face à la volonté du Gouvernement. Généralement «bookés» en semaine comme en week-end, le manque à gagner est énorme. D’un autre côté, il y avait aussi leurs clients assidus, adeptes de la belle vie et des folles soirées en club. Habitués à sortir le soir, ils ont vu leurs manies complètement chamboulées, obligés de se «confiner» dans l’intimité de leurs maisons. Pour autant, ils ne s’avouent pas vaincus. Leur salut ne tardera pas à venir. Grâce à quelques-uns d’entre eux, le concept de soirées délocalisées en Gambie va germer au sein du microcosme people. Après moult réflexions, il va finir par se matérialiser sous forme de VSD (Vendredi, samedi, dimanche) Nigth Party. Tout un week-end à faire la bringue. Rien que ça !

Transport en bus, forfaits hôtel et club
Il n’en faudra pas plus pour programmer une fête à Banjul et faire circuler les affiches dans le Dakar des strass et paillettes, histoire d’attirer le maximum d’adhérents à cette escapade particulière. Une première date est arrêtée pour faire péter le champagne ou faire des rencontres et plus si affinités, hors des frontières sénégalaises. Juste après les fêtes de fin d’année, un premier convoi a quitté Dakar pour rallier la capitale gambienne. Ils n’ont pas pu résister à l’offre alléchante du gérant d’une boîte de nuit très prisée des Almadies (quartier huppé dakarois). Ce dernier leur a proposé une formule incluant le transport en bus climatisé (20 000 FCfa, aller simple), une chambre d’hôtel (20 000 FCfa personne seule et 35 000 FCfa pour 2 personnes) et l’accès au Nigth club à 5 000 FCfa. A charge pour lui d’assurer l’ambiance comme à l’accoutumée lors des chaudes nuits à Dakar. Pour ce faire, Dj en vogue et pratiquement tout son personnel de salle ont fait le voyage. Autant dire que ce week-end a tenu toutes ces promesses. A travers des vidéos prises, on y voit des Sénégalais en plein milieu de leurs hôtes gambiens, se déhanchant sur une piste de danse. Le temps d’une villégiature, ils se sont lâchés comme jamais, au mépris des contraintes sanitaires qui prévalent sous nos cieux. D’ailleurs, ce week-end, une autre soirée délocalisée est prévue, avec toujours le même principe au Manséa Beach Hôtel. Et il y en aura sans doute d’autres à venir. En tout cas, tant que le couvre-feu sera de rigueur…

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