COVID-19: Les vaccins ne sont pas à l’origine des variants

 

 

Des publications affirment qu’une virologue aurait déclaré que «s’il n’y avait pas eu de vaccination, il n’y aurait pas de nouveaux variants». Des propos qu’elle n’a pourtant pas tenus.

«Merveilleux. Où BFMTV nous apprend par la voix de la virologue Stéphanie Haim Boukobza que la vaccination est responsable de la multiplication des variants Covid19! Et que s’il n’y avait pas eu de vaccination, il n’y aurait pas de nouveaux variants!», prétendent des internautes sur Twitter et Facebook.

En réalité, la virologue et biologiste du laboratoire Cerba Stéphanie Haim-Boukobza n’a pas tenu de tels propos. Mme Haim-Boukobza a d’ailleurs réagi à l’une des publications susmentionnées le 7 février sur Twitter: «Mes propos ne doivent pas être mal interprétés», avait-elle répondu à un internaute, démentant avoir «dit» que les vaccins étaient à l’origine des nouveaux variants du coronavirus. Interrogée sur BFMTV sur la campagne de vaccination menée en France, la virologue a expliqué que «le risque de vacciner trop doucement, c’est de laisser s’installer justement des variants qui pourraient être résistants aux vaccins».

Ne pas être «mou» dans la vaccination

«Soit vous ne vaccinez personne et vous avez peu de risques de voir évoluer des souches résistantes aux vaccins dans une population, soit vous vaccinez très vite toute la population et là vous allez être très efficaces», a-t-elle souligné. Mme Haim-Boukobza a confirmé le 11 février à l’AFP son analyse effectuée sur la chaîne d’information et démenti les propos qui lui sont attribués sur les réseaux sociaux. «Un des risques d’être un peu mou dans la vaccination est que les variants s’installent sur notre territoire», estime la virologue, insistant sur le fait que «ce ne sont pas les vaccins qui créent les variants».

«Quand on regarde la chronologie, c’est faux (ndlr: d’affirmer que les vaccins créent les variants). Le mutant britannique est apparu au mois de septembre et il a fait de nombreux cas en novembre», expliquait en janvier, à l’AFP, le professeur Yves Buisson, de l’Académie de médecine, rappelant que la campagne de vaccination n’avait démarré que le 8 décembre au Royaume-Uni.

Des «erreurs de copies»

Concernant les virus «mutants d’Afrique du Sud et du Brésil», ils «sont peut-être moins sensibles aux anticorps vaccinaux mais n’ont pas été induits par cela», avait ajouté M. Buisson. Il n’est aujourd’hui pas possible, «en fonction des observations, (de) conclure que c’est la vaccination qui fait apparaître les variants», a expliqué le 12 février à l’AFP l’épidémiologiste et biostatisticien à l’École des Hautes Études en santé publique (EHESP) Pascal Crépey.

«À chaque infection d’un hôte, le virus se multiplie et fait des erreurs de copies», qui «de temps en temps lui font acquérir un avantage», permettant au virus de «se propager plus facilement», a précisé l’épidémiologiste. Ce qui explique, selon Pascal Crépey que «plus la circulation est importante, plus vous laissez d’opportunités au virus de trouver des solutions face à un problème tel que la vaccination ou l’immunité». «La stratégie idéale est de garder un niveau de circulation le plus bas possible et de vacciner le plus rapidement possible, estime-t-il, pour laisser le moins de temps et d’opportunités possible au virus de développer des résistances aux vaccins.»

(AFP)