Immigration: la vaste réforme Biden présentée au Congrès

 

 

Le projet du président américain, présenté jeudi à Washington, ouvre la voie à la naturalisation de 11 millions d’immigrants en situation irrégulière.

Les démocrates ont présenté jeudi au Congrès américain l’ambitieux projet de réforme de l’immigration soutenu par Joe Biden, qui ouvre la voie à la naturalisation de quelque 11 millions d’immigrants en situation irrégulière, tout en reconnaissant qu’il faudrait surmonter de très fortes résistances pour l’adopter.

«Ce sont des travailleurs essentiels, tellement essentiels que notre économie ne pourrait pas fonctionner sans eux. Et pourtant ils vivent dans une peur constante» d’être découverts par les services d’immigration, a déclaré le sénateur du New Jersey Bob Menendez, l’un des coauteurs du projet de loi. «Il est temps de faire sortir de l’ombre 11 millions de sans papiers», a-t-il affirmé en présentant le texte avec d’autres parlementaires lors d’une visioconférence.

Les démocrates disposent d’une courte majorité à la Chambre des représentants et d’une avance encore plus infime au Sénat, avec 50 sièges contre 50 pour les républicains. Comme le veut la Constitution, la vice-présidente Kamala Harris peut intervenir pour départager un vote en cas d’égalité au Sénat mais le projet de loi sur l’immigration aura besoin de 60 voix pour passer la barrière de la chambre haute. Un défi qui semble très ardu à ce jour, compte tenu de l’opposition des républicains mais aussi de démocrates modérés. «Nous savons que pour avancer, il faudra négocier», a reconnu le sénateur Menendez.

Le projet de loi prévoit d’ouvrir la voie vers la citoyenneté américaine à près de 11 millions de personnes en situation irrégulière, qui peuvent prouver qu’elles se trouvaient aux États-Unis le 1er janvier 2021. La réforme ouvrirait également le chemin de la naturalisation aux «Dreamers», ces quelque 700’000 jeunes adultes entrés clandestinement aux États-Unis pendant leur enfance.

«Aucune chance»

Dès son premier jour au pouvoir, le 20 janvier, Joe Biden avait envoyé cette proposition de réforme au Congrès. Le président démocrate a applaudi jeudi sa présentation, un «important premier pas». «J’ai hâte de travailler avec les chefs de la Chambre et du Sénat pour réparer les torts de la précédente administration» de Donald Trump «et ramener la justice, l’humanité et l’ordre dans notre système migratoire», a-t-il écrit dans un communiqué.

La présidente démocrate de la Chambre des représentants Nancy Pelosi a quant à elle «salué» jeudi la proposition mais, signe des difficultés menaçant l’adoption de la vaste réforme, a aussi laissé planer la possibilité que des lois plus ciblées sur des points bénéficiant d’un plus ample soutien, comme le statut des «Dreamers», soient soumises au vote. «Cela pourrait aussi être une bonne approche», a-t-elle souligné.

Dans le détail, le texte prévoit un accès plus rapide à la citoyenneté, sous trois ans, pour les «Dreamers» ainsi que pour les détenteurs d’un permis de protection temporaire (TPS) octroyé aux ressortissants de pays dangereux ainsi qu’à certains employés agricoles, et sous huit ans pour tous les «autres sans papiers qui paient leurs impôts et n’ont pas d’antécédents criminels».

Ce texte n’a «aucune chance» d’être adopté, a réagi un influent élu républicain de la Chambre, Jim Jordan, car il «récompense ceux qui enfreignent la loi, inondent le marché du travail à un moment où des millions d’Américains sont au chômage, ne fait rien pour renforcer la sécurité à la frontière et encourage encore plus d’immigration illégale».

(AFP)