Pourparlers avec l’AIEA: Téhéran parle d’un «résultat significatif»

 

Les discussions entre l’Iran et l’AIEA ont produit un «résultat significatif», a estimé Téhéran lundi, à la veille de l’entrée en vigueur d’une mesure visant à limiter les capacités d’inspection de ses activités nucléaires face au maintien des sanctions américaines.

Les pourparlers avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) «ont abouti à un résultat diplomatique très significatif», a déclaré le porte-parole des Affaires étrangères, Saïd Khatibzadeh, au lendemain de la visite du directeur général de l’Agence, Rafael Grossi, et avant l’application d’une loi du Parlement limitant les inspections.

Dimanche, à l’issue de la visite de Rafael Grossi à Téhéran, l’Iran et l’AIEA ont annoncé un accord «temporaire» pour maintenir une surveillance des activités nucléaires, bien que réduite, le temps que des pourparlers s’engagent entre les parties à l’accord international de 2015.

Sans les États-Unis

Malmené ces dernières années, ce pacte de Vienne est censé encadrer le programme nucléaire iranien. Conclu par la République islamique avec le groupe 5+1 (États-Unis, France, Allemagne, Grande-Bretagne, Russie, Chine), il prévoyait une levée progressive des sanctions en échange de la garantie que l’Iran ne se doterait pas de l’arme atomique – ce que la République islamique a elle toujours nié.

En 2018, les États-Unis de Donald Trump se sont toutefois retirés unilatéralement du pacte, puis ont rétabli l’année suivante des sanctions qui étranglent l’économie iranienne. En représailles, Téhéran s’est affranchi à partir de 2019 de plusieurs limites imposées par l’accord de Vienne.

«Dans l’immédiat»

«Une fois que tout le monde aura fait sa part et rempli ses obligations, alors il y aura (une reprise) des discussions» sur un plein retour à l’accord, a répété dimanche le ministre des Affaires étrangères, Javad Zarif.

Que change l’annonce de dimanche soir?

La loi iranienne qui doit restreindre l’accès à certaines inspections, y compris sur des sites militaires suspects, en l’absence de levée des sanctions américaines au 21 février «existe et va être appliquée» à partir de mardi, a prévenu Rafael Grossi à son retour à Vienne, après ses «consultations intenses» à Téhéran.

«L’accès sera réduit, ne nous voilons pas la face, mais nous serons en mesure de maintenir le degré nécessaire de surveillance et de vérification», a-t-il ajouté. «Cela sauve la situation dans l’immédiat.»

Selon les termes de cet «accord bilatéral technique» d’une durée de trois mois mais susceptible d’être suspendu à tout moment, le nombre d’inspecteurs sur place reste inchangé et des contrôles inopinés resteront possibles. «Bien sûr, pour parvenir à une situation stable, il faudra une négociation politique, et ce n’est pas de mon ressort», a insisté Rafael Grossi.

«Aucune image transmise»

«Certains accords ont été conclus pour poursuivre les vérifications dans le cadre des garanties» du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), a de son côté assuré le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères.

Néanmoins, «la mise en œuvre volontaire du protocole additionnel (au TNP) a été suspendue», conformément aux décisions du Parlement. «Les caméras resteront allumées mais aucune image ne sera transmise à l’AIEA», a-t-il précisé.

Selon l’Organisation iranienne de l’énergie atomique (OIEA), ces images seront supprimées si les sanctions ne sont pas levées dans les trois mois. Cette suspension du protocole additionnel du TNP ne signifie pas une sortie de l’accord nucléaire, ont toutefois souligné des responsables iraniens.

Joe Biden veut relancer le dialogue

Dans le même temps, un haut responsable militaire américain a profité d’une visite à Oman pour appeler l’Iran à s’abstenir de toute provocation, au moment où la nouvelle administration américaine de Joe Biden dit vouloir relancer le dialogue.

«Je pense que c’est le moment pour que tout le monde fasse preuve de retenue et de prudence, et voit comment ça se passe», a déclaré le général Kenneth McKenzie, qui commande l’ensemble des forces américaines au Moyen-Orient, dans un entretien à l’AFP.

«Beaucoup de choses vont être déterminées dans les prochains mois», a ajouté le général McKenzie, chef du commandement central de l’armée américaine (Centcom).

Le sultanat d’Oman est allié des États-Unis, qui utilisent plusieurs bases aériennes ainsi que le port de Salalah (sud). Mais il a également des liens avec l’Iran, et il est un médiateur traditionnel lors de crises régionales ou internationales dans le Golfe.

(AFP)