70% DES TRAVAILLEURS PRÊTS À ACCEPTER DES PAIEMENTS ÉLECTRONIQUES

 

 

« Au Sénégal, 9 travailleurs sur 10 sont payés en espèces et sont exclus de toute assurance maladie. Ce sont surtout des temporaires. Cette situation offre de réelles opportunités d’innovation financière et d’inclusion sociale. En effet, 77% des travailleurs temporaires interrogés seraient prêts à accepter des paiements électroniques si cela leur donnait accès à une assurance maladie ou d’autres services à forte valeur ajoutée » ! Telle est le constat relevé de la publication lancée par le Sénégal, avec le soutien de « Better Than Cash » Alliance (Nations Unies), la Banque mondiale et l’Agence Nationale des Statistiques et de la Démographie.

Selon le rapport, le paiement électronique stimule la production et la consommation à l’échelle nationale. « Par exemple, si 50% des temporaires sénégalais étaient payés sur un compte bancaire ou mobile, cela ajouterait plus de 45 milliards de francs CFA additionnels au PIB par an (environ 80 millions de dollars USD) », indique-t-on dans le rapport. Lequel renseigne que le paiement électronique des travailleurs ouvre des perspectives supplémentaires dans de nombreux domaines. Il accélère l’inclusion digitale et financière de la population, accroît la compétitivité pour les entreprises, augmente la liquidité pour le système financier. « Afin de débloquer l’ensemble de ces potentiels, l’Agence de Développement des PME (ADPME) va renforcer son fonds d’appui aux PME grâce à un apport additionnel de la Banque mondiale de 20 millions de dollars (environ 11 milliards de francs CFA). Ces fonds visent à renforcer les initiatives de numérisation des PME, y compris pour soutenir leurs projets de paiements électroniques des travailleurs », mentionne-t-on dans le document. On y ajoute : « Si recevoir un salaire est souvent synonyme de cotisations à une assurance maladie, à l’échelle mondiale au moins 61% des travailleurs sont dans l’informel sans aucune assurance adéquate d’après l’Organisation International du Travail (OIT).

En effet, en fonction des pays, il n’existe pas toujours d’obligation légale pour que les employeurs cotisent à une quelconque assurance pour leurs travailleurs informels – non-salariés, une situation dont les femmes souffrent autant que les hommes ».

Ainsi, pour relever ce challenge d’inclusion, l’Agence nationale de la Couverture Maladie Universelle du Sénégal a déployé une ambitieuse plateforme de paiements digitaux. Elle a noué des partenariats avec des fintechs et les entreprises privées, pour associer l’accès à la couverture maladie universelle (CMU) aux paiements numériques – avec un ciblage spécifique pour les femmes. « Si 81 % des entreprises nationales ont moins de 20 salariés, elles emploient en moyenne des centaines voire des milliers de travailleurs temporaires dans leurs chaînes d’approvisionnements. Les salariés sont généralement bancarisés, mais 93 % des contrats précaires sont payés en espèces. Ce sont ces derniers qui sont systématiquement exclus du système de santé formel », explique-t-on dans le rapport.

En effet, trois obstacles ont limité la numérisation des paiements en Afrique. Il s’agit de la taille du secteur informel pouvant atteindre 90 % de l’économie, du taux d’inclusion financière historiquement faible et, surtout, du fait que 21 % des travailleurs africains touchent une paie qui les maintient sous le seuil de pauvreté.

Emediasn