Tambacounda: Issa Sadio Kanouté, tête de file du parti Eps, “Nous avons un Parlement sans âme au service d’un prince”

 

 

La situation politique, économique et sociale du pays n’est point reluisante. C’est l’avis du chef de file du parti Engage­ment pour le progrès du Sénégal (Eps) qui animait une conférence de presse dans un contexte post-émeutes qui ont secoué le pays. «Les populations sont fatiguées et laissées à elles-mêmes sans aucune issue. Le monde rural crie sa détresse, l’éducation bat de l’aile», regrette Issa Sadio Kanouté. Et il impute la faute à un régime «en perte de vitesse, incapable et incompétent». Il constate que le pays traverse aujourd’hui plusieurs crises d’ordre institutionnel, politique, social et économique. «Malheureusement, l’Assem­blée nationale qui devait jouer le rôle de régulateur et de contrôleur de l’action gouvernementale a démissionné. Nous avons un Parlement sans âme au service d’un prince», fulmine M. Kanouté.
Le leader de Eps dénonce, en outre, la «crise institutionnelle» que traverse notre pays et qui est due au fait que la justice est «de plus en plus privée de sa neutralité et de son indépendance». Il souligne, dans ce sens, que la «rupture de confiance entre le Peuple et ses institutions est le résultat d’un mauvais management institutionnel qui a donné naissance à une perception d’institutions au seul service du prince». Issa Sadio Kanouté estime que les violentes manifestations de début mars ayant fait une dizaine de morts et des dégâts matériels énormes sont le fait d’un «manque de clarté sur un éventuel 3ème mandat de l’actuel président de la Répu­bli­que». Et aujourd’hui, considère-t-il, «si après plusieurs années à la tête du pays le Président Macky Sall décide aujourd’hui de prendre en compte la question de l’emploi des jeunes, c’est que c’est un aveu d’échec». Il est convaincu qu’il n’y aura point d’emplois durables sans un secteur privé fort.
M. Kanouté a par ailleurs appelé à la démocratisation de l’enseignement supérieur. Et cela passera inéluctablement, selon lui, par la création de l’Université du Sénégal oriental. «Les jeunes de Tamba­coun­da ont trop souffert du manque d’infrastructures d’enseignement supérieur dans la région. Il faut corriger le retard», a plaidé M. Kanouté qui annonce sa candidature à la mairie de Tambacounda.

Par Abdoulaye FALL