Aminata Touré “La question de l’emploi des jeunes doit être précédée par celle de la préservation des emplois existants”

 

 

La lancinante question de l’insertion et de l’emploi des jeunes, ayant poussé le chef de l’Etat, Macky Sall à organiser un Conseil présidentiel à cet effet, préoccupe aussi ses anciens collaborateurs. Dans une tribune intitulée «Réflexion citoyenne sur l’emploi des jeunes et des moins jeunes», l’ancienne Première ministre, Aminata Touré, a semblé dire à son désormais ex-mentor qu’il ne faudrait pas mettre la charrue avant les bœufs, non sans donner des pistes de réflexion pour régler ce problème du chômage des jeunes.

Telle une réponse aux nombreuses promesses et autres engagements prises par le président Macky Sall, comme le recrutement de 65.000 jeunes, dès le mois de mai, l’ex-présidente du Conseil économique, social et environnemental (Cese) a fait une contribution sur la question brûlante du chômage des jeunes. Et c’est pour rectifier son ancien mentor qui semble pressé de valider son programme d’urgence sur l’emploi et l’insertion, à savoir “ Xëyu Ndaw Ñi“.

Dans la tribune publiée sur sa page Facebook, Aminata Touré indique qu’il y a des préalables. «La question de l’emploi des jeunes doit être précédée par celle de la préservation des emplois existants. Pour sortir d’un trou il faut d’abord arrêter de creuser, n’est-ce pas ?», lance-t-elle d’un ton tant soit peu railleur.

L’ancienne Première ministre estime, en fait, qu’il faudrait d’abord travailler à la restauration des secteurs fortement touchés par la Covid-19, tels que le tourisme, l’hôtellerie, la restauration, entrainant des pertes d’emploi. «Donc dans la stratégique de création d’emploi, il faut déjà retrouver les emplois perdus pour les jeunes et les moins jeunes», trouve-t-elle.

Poursuivant sa réflexion sur les voies et moyens pour sortir le pays de ce gouffre du chômage des jeunes, Aminata Touré est d’avis que la jeunesse de moins de 35 ans estimée à 70% de la population, ne sera pas à mesure d’attendre «les résultats d’une transformation structurelle nécessaire de notre économie».

Par conséquent, elle opte pour «des mesures d’urgence». C’est ainsi qu’elle propose d’utiliser la commande publique de 1200 milliards. Cela, en interdisant l’importation de meubles, en généralisant le port d’uniformes scolaires et surtout en créant un programme national de travaux d’utilité publique ambitieux visant pas moins de 500.000 jeunes dans les domaines de l’environnement, la maintenance des édifices publiques comme les écoles et hôpitaux, l’assainissement etc. Ne s’en limitant pas là, Mimi Touré mise, à moyen et long terme, sur le développement du tissu industriel pour restructurer l’économie du pays extravertie.

A son avis, «il nous faut absolument développer l’industrie légère et arrêter d’être des consommateurs des produits fabriqués chez les autres! Le consommer sénégalais doit être plus qu’un slogan mais une réalité, il faut produire sénégalais».
Mieux, elle trouve la chaine de valeur de l’arachide nationale sous exploitée, avec pourtant plus de 200 produits dérivés de l’arachide. Ce qui lui fera dire que «pour produire ces centaines de milliers d’emplois pour cette jeunesse numériquement hégémonique, il faudra sortir résolument prendre le taureau de notre industrialisation par les cornes».

Enfin, l’ancienne Envoyée spéciale du président Macky Sall pense «qu’il est temps de décentraliser l’économie et la production au niveau des espaces de vie des populations et des jeunes en particulier en soutenant le concept d’économie de quartier».

Jean Michel DIATTA / sudonline.sn /