Brexit – Pêche: Paris conteste les nouvelles exigences de Londres

 

 

Les «nouvelles exigences» dont Londres a assorti la délivrance d’autorisations de pêche dans les îles anglo-normandes et notamment l’île de Jersey sont «nulles et non avenues», a indiqué lundi à l’AFP le ministère français de la Mer. «On considère que si de nouvelles exigences pour les zonages de mer ou les engins de pêche sont intégrées dans les licences, alors même qu’elles n’ont pas été notifiées à la Commission européenne, elles sont nulles et non avenues», a déclaré le ministère à l’AFP.

Il a rappelé son attachement au «strict respect de l’accord» de pêche négocié dans le cadre du Brexit: «si le Royaume-Uni veut introduire de nouvelles dispositions, il doit les notifier à la Commission européenne qui nous les notifie, ce qui nous permet d’engager un dialogue ensuite. À ce stade, on a découvert ces nouvelles mesures techniques qui ne sont pas applicables en l’état à nos pêcheurs».

Pour les eaux de Jersey, le Royaume-Uni a publié vendredi une liste de 41 navires équipés de «Vessel Monitoring System» (VMS, un dispositif qui enregistre les positions des navires) et autorisés à pêcher depuis samedi. Cette liste est accompagnée de nouvelles exigences «qui n’ont pas été concertées, discutées ni notifiées avant», a précisé le ministère à l’AFP.

Discussion attendue

Elles consistent principalement en de nouveaux zonages de pêche, des indications au sein des eaux de Jersey – pour résumer, «où est-ce que les navires peuvent aller et ne peuvent pas aller». Elles précisent également le «nombre de jours» que peuvent passer en mer les marins-pêcheurs, «et avec quels engins», a précisé le ministère.

Le ministère de la Mer a signalé à la Commission européenne ces nouvelles mesures qui n’étaient pas prévues: «c’est la Commission qui négocie, donc maintenant, on attend de sa part qu’elle engage une discussion avec le Royaume-Uni pour bien comprendre ce que cela signifie et qu’elle nous donne ensuite ses éclaircissements», a-t-on précisé de même source.

À Bruxelles, une porte-parole de la Commission, Vivian Loonela, a rappelé lundi soir à l’AFP que «toute condition» devait être notifiée avec suffisamment de préavis pour que l’autre partie puisse «commenter ou s’adapter». «En outre, de telles conditions ne peuvent pas être discriminatoires envers nos pêcheurs», a-t-elle dit, confirmant que la Commission contacterait les autorités britanniques sur «tout sujet spécifique» lié.

«Agression»

Environ 60 pêcheurs français se sont réunis en réaction à ces annonces lundi matin à Cherbourg devant les affaires maritimes sans incident, avant une nouvelle manifestation d’une soixantaine de pêcheurs à Granville lundi après-midi, selon la police.

«Il est évident qu’il va y avoir des réponses à l’agression dont nous sommes victimes par les autorités de Jersey par rapport aux autorisations de pêche. On espère que l’État prendra des mesures de représailles», a déclaré Dimitri Rogoff, président du comité régional des pêches de Normandie, joint au téléphone. «Que les pêcheurs de Jersey ne puissent plus débarquer à Granville, c’est acquis depuis longtemps, depuis que les permis sont arrivés au compte-gouttes et, avec les restrictions, il est bien évident qu’il n’est plus question qu’ils viennent débarquer à Granville», a-t-il ajouté.

Les comités régionaux des pêches de Bretagne et de Normandie ont appelé «à une suspension de toutes relations économiques avec Jersey, dont la liaison ferry entre Jersey et le Continent», dans un communiqué conjoint transmis à l’AFP.

(AFP)