Etats-Unis: Aux Etats-Unis, les armes à feu aussi font leur retour à l’école

 

A peine revenus sur les bancs de l’école, les élèves américains se retrouvent face aux vieux démons de l’Amérique: les armes à feu qui menacent chaque jour des dizaines d’entre eux. La journée de jeudi a commencé comme un mauvais film: dès 7h, une nouvelle recrue de l’armée, en formation dans une base militaire de Caroline du Sud, a détourné un bus scolaire pour des raisons encore confuses. Les 18 enfants en route vers leur école primaire se sont retrouvés sous la menace de son fusil, avant qu’il ne les relâche indemnes et finisse par abandonner le véhicule.

Interpellé peu après, ce jeune homme de 23 ans a été inculpé pour enlèvements. «Heureusement personne n’a été blessé», a commenté le shérif local Leon Lott sur la chaîne ABC news, sans cacher son soulagement. «Pour nous, membres des forces de l’ordre, le détournement d’un bus scolaire par un individu armé est probablement l’un des appels les plus effrayants», a-t-il admis. De l’autre côté du pays, vers 9h locales, une élève de sixième d’une petite ville de l’Idaho a sorti une arme à feu de son sac à dos et a tiré autour d’elle.

Deux élèves et un adulte ont été blessés, mais leur vie ne semble pas en danger. La jeune fille aux motivations inconnues, a été désarmée par un professeur et interpellée. Dans l’après-midi à Albuquerque, au nouveau Mexique, un lycée a été évacué parce qu’un professeur a cru voir un élève porter une arme. Il s’agissait en fait d’un téléphone portable, mais la situation montre à quel point les enseignants sont à cran. Et non sans raison: en Caroline du Sud, toujours jeudi, un lycéen a été arrêté pour être venu à l’école avec une arme à feu. La veille en Alabama, un lycéen avait été interpellé avec deux pistolets et un couteau…

Craintes pour 2021

Ces incidents sont répertoriés par les médias locaux, mais ils ne font pas les gros titres des médias nationaux. Seul un bain de sang, comme à Parkland en Floride en février 2018 (17 morts) provoque aujourd’hui une onde de choc. «Aucun autre pays développé ne vit et ne tolère autant de coups de feu dans les écoles», a déploré sur Twitter Shannon Watts, la fondatrice du mouvement Moms demand action.

Plus de 248’000 élèves ont été exposés à des fusillades dans des écoles américaines depuis la tuerie de Colombine en 1999 (treize morts), selon une base de données du Washington Post qui recense l’ensemble des jeunes affectés, y compris les témoins des drames ou ceux contraints d’être évacués dans l’urgence. Après 25 et 23 fusillades recensées en 2018 et 2019 dans des établissements scolaires, la pandémie a, de fait, offert un répit.

Pour limiter la propagation du virus, la plupart des écoles ont fermé en mars 2020 et certaines commencent tout juste à rouvrir. «Seules» neuf fusillades ont donc été enregistrées en 2020 et deux sur le premier trimestre 2021. «On craint que la violence des armes soit pire en 2021 qu’avant la pandémie», ont toutefois mis en garde deux professeurs de droit pénal, James Densley et Jillian Peterson, dans un article publié par The Conversation après la mort d’un élève dans un lycée du Tennessee le 12 avril.

Les ventes record d’armes à feu ces derniers mois aux Etats-unis et la détérioration de la santé mentale des jeunes confinés «exacerbent les risques de violences», selon ces deux experts, auteurs d’un ouvrage récent sur le sujet. Le 26 avril, un élève de 6e d’un collège du Minnesota a tiré des coups de feu dans un couloir de l’établissement avant d’être arrêté. Son père s’est ensuite excusé dans les médias locaux. «Avec le Covid, les enfants sont déprimés, ils n’ont pas d’amis», a tenté d’expliquer Troy Gorham sur KSTP. «Ils sont tout le temps face à leurs ordinateurs, ça leur crame le cerveau.»

(AFP)