Des agents de santé de Kédougou menacent de boycotter les activités médicales après avoir été zappés des recrutements de l’Etat

 

 

Le Syndicat des infirmiers, sages-femmes et techniciens de santé de Kédougou (Sdt3s) invite l’Etat à l’expansion du recrutement local à Kédougou. Une région difficile d’accès et où ils travaillent dans des conditions précaires. A défaut d’une rencontre avec le ministre de la Santé pour discuter de leur situation, ces agents menacent de paralyser les activités de santé dans cette zone.

Le Sénégal qui vient de bénéficier d’un financement de la Banque mondiale est dans un processus de renforcement de son système de santé avec le projet ISMEA (Investir dans la Santé de la Mère, de l’Enfant et de l’Adolescent) qui prévoit le recrutement de plus de 900 agents de santé, médecins comme paramédicaux concerne les régions du centre et périphériques comme Kaffrine, Tambacounda, Kédougou, Kolda, Sédhiou et Ziguinchor.

Il sont au nombre de 40 médecins généralistes, 5 médecins spécialistes, 18 pharmaciens, 400 sages-femmes, 400 infirmiers d’Etat, 32 techniciens supérieurs en biologie, 4 techniciens de maintenance hospitalière et 6 nutritionnistes.

Une « excellente opportunité pour ces professionnels de la santé », selon le secrétaire général de la section Kédougou du Sdt3s, Der Cissé, qui note par ailleurs des manquements dans les recrutements. C’est entre autres, le faible taux de recrutement dans la région du Fouladou et la non prise en compte des assistants-infirmiers dans le projet.

Des « décisions qui seraient contraires à l’éthique, à la bonne gouvernance et à l’équité dans les critères de recrutement », s’est-indigné cet infirmier qui demande plus de diligence dans cette affaire. Non sans dénoncer la présence de nouveaux recrus à l’hôpital Amath Dansokho de Kédougou récemment inauguré. Ce, au détriment du personnel en place, dit-il, depuis des années, et qui aurait toujours accepté, « avec engagement et dévouement », de servir dans cette zone isolée et d’accès difficiles dans des « conditions inacceptables et sans motivation ».

Et qui, malgré cette précarité dans le travail, aurait contribué à l’atteinte des performances dans la localité. Ils sont d’ailleurs très remontés contre le président de la République, et particulièrement le ministre de la Santé qui leur aurait promis des recrutements de sages-femmes et d’infirmiers au niveau local. « La structure a été livrée et inaugurée par le chef de l’Etat Macky Sall mais sans nous qui avons servi dans la zone pendant plus de 10 ans sans aucune motivation ». Une « grande déception », selon la présidente de l’Association des sages-femmes de l’antenne de Kédougou, qui trouve inadmissible un tel acte.

Pourtant, « Nos collègues ont aujourd’hui besoin de plus de motivations pour pouvoir rester dans la zone ». Pour cette sage-femme d’Etat, c’est en leur donnant des postes de responsabilité, et en les recrutant dans la Fonction publique, qu’on arrivera à les maintenir sur place.

D’ailleurs, ils souhaitent rencontrer le ministre de la Santé, Abdoulaye Diouf Sarr pour discuter de cette situation. Mme Touré Daba Cissokho déplore le fait que le président de la République et son ministre de la Santé n’aient pas reçu le personnel de santé particulièrement les sages-femmes et les infirmiers qui travaillent dans des conditions très difficiles et dont la plupart ont passé une dizaine d’années dans la localité comme contractuels ou encore bénévoles.

Ce sont 71 sages-femmes parmi lesquelles 21 sont « seulement » recrutées dans la Fonction publique. « Les 20 contractuelles et 30 autres bénévoles communautaires qui viennent d’horizons divers et qui ont fait 10 à 14 ans dans la zone sans être recrutées ont des problèmes de santé », a confié la représentante des sages-femmes d’Etat de Kédougou.

Des prestataires qui, pourtant et malgré leur « santé fragile », ont choisi de rester dans la zone et à booster les indicateurs de la santé maternelle et néonatale. Un travail qui classe Kédougou toujours « première » par rapport aux indicateurs de santé. « A chaque fois qu’on présente les indicateurs, on est au vert. Je pense que c’est parce qu’on est au vert qu’ils ne nous prêtent pas attention », a-t-elle expliqué.

Ces sages-femmes et infirmiers menacent de paralyser toutes les activités de santé à Kédougou. « On va passer à la vitesse supérieure. Les résultats obtenus, c’est grâce à ces infirmiers et sages-femmes. Les médecins sont là juste pour remonter les données. Les acteurs principaux, ceux qui se donnent corps et âme, ce sont les infirmiers et sages-femmes. C’est pourquoi nous demandons à ce que le recrutement local soit une réalité à Kédougou », a-t-elle plaidé dans les colonnes du journal Le Témoin.

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