Élimination du paludisme au Sénégal: Tambacounda, Kédougou et Kolda, les plus touchées

 

 

 

 

Pour éliminer le paludisme au Sénégal, il faut d’abord vaincre la maladie dans le Sud. Cette partie du pays est toujours dans la zone rouge et trois régions – Tambacounda, Kédougou et Kolda – sont les plus affectées.

Le Sénégal veut éliminer le paludisme d’ici 2030. La courbe d’infection a connu une très forte baisse de façon générale dans le pays. Néanmoins, dans certaines zones comme le Sud et le Sud-Est, les indicateurs sont toujours au rouge.

Selon le coordonnateur du Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP), cette zone est caractérisée par un réseau hydrographique très intense et aussi une pluviométrie forte. Il y a également, souligne le docteur Doudou Sène, l’absence d’assainissement qui empêche, en un temps record, d’évacuer les eaux. Tous ces facteurs combinés expliquent la situation dans la zone Sud.

Mais, précise le Dr Sène, cela ne veut pas dire que la courbe de contamination n’est pas descendante. ‘’Il y a des actions qui ont été faites, comme la chimio-prévention. Il nous faut aussi des stratégies innovantes pour éliminer les réservoirs de parasites qui permettent une transmission précoce du parasite dans cette zone’’, explique-t-il.

A son avis, le fardeau du paludisme au Sénégal est toujours inégalement réparti. Trois régions – Kolda, Tambacounda et Kédougou – portent l’essentiel de la charge. ‘’Onze pour cent de la population générale, 83 % des cas de paludisme confirmés tout âge, 90 % des cas chez les moins de 5 ans, 90 % des cas chez les femmes enceintes, 51 % des décès tout âge et 73 % des décès chez les mômes de 5 ans sont recensés dans cette zone’’, renseigne le Dr Doudou Sène. Il animait hier une conférence de presse, sur la campagne saisonnière.

Pour lui, la campagne dans la région Sud, caractérisée par une très forte transmission du paludisme, devrait, à terme, contribuer à la baisse de la transmission dans les districts à forte incidence. Elle permet aussi de couvrir une population estimée à 650 000 habitants.

La chimio-prévention du paludisme saisonnier, quant à elle, fait-il savoir, se déroule dans cinq régions que sont Kaolack, Diourbel, Kédougou, Kolda et Tambacounda, et concernent 16 districts sanitaires zones Sud et Centre. ‘’Cela permet de protéger 800 000 enfants environ âgés de 3 mois à 10 ans’’.

Le coordonnateur du PNLP estime que la prévention du paludisme est un axe prioritaire du Plan stratégique national 2021-2025. Les aspersions intra domiciliaires, la chimio-prévention du paludisme saisonnier en sont des interventions essentielles. ‘’La campagne dans le Nord, avec quatre districts sanitaires, devrait contribuer à l’interruption de la transmission dans cette partie du pays en pré-élimination, en ciblant les postes à forte transmission. Elle permet de protéger 700 000 habitants environ’’, dit-il. D’ailleurs, il précise que sur 79 districts, plus de la moitié sont dans les dispositions pour la pré-élimination du paludisme. Ce qui veut dire que si des efforts supplémentaires sont faits, le Sénégal pourrait être au rendez-vous de 2030.

Quant à la région de Dakar, le Dr Sène informe que le paludisme y a régressé considérablement. ‘’En banlieue, les moustiques que vous voyez dans les eaux usées ne sont pas responsables de la transmission du paludisme. Par contre, ce que l’on y remarque est que les cas de paludisme qui devaient être recensés dans les postes de santé le sont plus dans le district sud du pays. Quand nous regardons notre cartographie, nous remarquons qu’au Plateau et en ville, il y a beaucoup plus de cas. Dans l’analyse, on s’est rendu compte que la plupart habitaient en banlieue ; ce qui veut dire qu’il y a un combat à mener’’, explique le médecin. Il ajoute qu’ils ne peuvent pas faire des aspersions à domicile. Car ce sont des stratégies très lourdes qu’ils ne peuvent pas dérouler partout dans le pays. La meilleure stratégie, selon lui, est de gérer tout ce qui est canal à ciel ouvert.

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