Amérique latine: Au Mexique, un faux pass sanitaire dès 56 dollars

 

À la recherche d’un pass sanitaire mais sans se faire vacciner contre le Covid-19? Qu’à cela ne tienne. À Mexico, pour quelques centaines de pesos, on vous en fabrique un faux. Depuis quelques jours, une version falsifiée du précieux document, qui permet en principe de voyager dans certains pays sans la contrainte d’une quarantaine, est discrètement offerte à la vente à Santo Domingo, un quartier central de la capitale mexicaine déjà connu pour sa production frauduleuse d’actes de naissance, permis de conduire, diplômes et autres passeports.

Il intéresse particulièrement les voyageurs refusant le vaccin, n’ayant reçu qu’une seule des deux injections nécessaires ou dont le vaccin n’est pas agréé par le pays qu’ils souhaitent visiter. «Si vous avez été vaccinés avec le chinois, ici, on le change pour du Pfizer ou du Spoutnik V», explique Cris, un quinquagénaire qui propose ce service en plein jour, comme l’a vérifié l’Agence France Presse (AFP).

La présence de policiers mexicains dans le secteur ne refroidit pas les ardeurs des fraudeurs, pas plus que celles de leurs clients. Le pass sanitaire est proposé à la vente pour un prix compris entre 1100 pesos (environ 56 dollars) et 2000 pesos (environ 100 dollars). «Dans deux heures, vous aurez votre document», assure Cris à des personnes dont le visage est couvert d’un masque chirurgical.

Code modifié

Le ministère mexicain de la Santé a récemment annoncé que les Mexicains pouvaient télécharger gratuitement leur certificat d’immunisation contre le Covid-19 sur un site officiel destiné à ceux qui veulent voyager en dehors du pays ou pour d’autres motifs. «Les gens viennent ici parce qu’ils n’ont qu’un seul vaccin (sur deux) ou qu’ils ont besoin de l’échanger contre un autre», explique Cris. Le document légal comporte un code QR qui, lorsqu’il est scanné par un lecteur, redirige vers le site officiel pour certifier que l’utilisateur a reçu l’immunisation complète.

Les fabricants de ces certificats apocryphes proposent donc un code QR modifié qui, en réalité, ne fonctionne pas. «Si les criminels en avaient la capacité technique, ils fabriqueraient un code QR susceptible de fournir des données valables», explique Carlos Ramirez, spécialiste en cybersécurité. Selon l’expert, les fraudeurs n’ont pas les moyens techniques d’aller au bout de leur stratagème «en chargeant chaque QR avec les données demandées par leurs clients».

Interrogé par l’AFP, le ministère de la Santé n’a pas souhaité communiquer sur les moyens mis en place pour se protéger ou agir contre ce type d’activité illicite. Les certificats de vaccination ne constituent pas la seule fraude apparue durant la pandémie. De faux vaccins Pfizer, saisis au Mexique et en Pologne, auraient été vendus jusqu’à 1000 dollars l’unité. Le gouvernement mexicain a également saisi en mars une cargaison de prétendus vaccins Spoutnik V dans un avion privé à destination du Honduras.

De soi-disant tests de laboratoire destinés à «certifier» que la personne a été testée négative au virus sont également proposés à Santo-Domingo pour 600 pesos. L’article 243 du code pénal fédéral mexicain note que le délit de contrefaçon «dans le cas de documents publics est passible d’une peine de prison de quatre à huit ans».

(AFP)