Les ressources naturelles constituent le socle de l’économie de la région de Kédougou. Plusieurs multinationales y sont présentes. La responsabilité sociétale d’entreprise est le devoir qu’elles remplissent souvent mais, les populations n’y trouvent pas toujours leur compte. A côté, il y’a la forte présence de l’extraction de l’or à l’informel. L’orpaillage traditionnel mobilise et assure la survie de nombreux sénégalais et étrangers. Cependant ses conséquences négatives se font aussi ressentir. L’exploitation sexuelle, le travail des enfants, l’insécurité grandissante sont des faits qui prennent de l’ampleur dans cette partie du Sénégal à cause de la fréquentation des zones aurifères. |
L a région de Kédougou regorge d’énormes potentiels miniers. Et pourtant, elle fait partie des zones les plus défavorisées du Sénégal. Les enquêtes de l’ Agence nationale de la statistique et de démographie (Ansd), font état d’une pauvreté estimée à 26,3 %. L’orpaillage reste la principale activité mais, elle est principalement entre les mains de multinationales étrangères. Pas moins d’une vingtaine sont dénombrées. Le respect de la responsabilité sociétale d’entreprise même s’il est vanté par ces exploitants, il n’est pas tout le temps très ressenti chez les populations.
Les explications du coordonnateur régional de « Publier ce que vous payez », Aliou Bakhoum l’explique. « Il y’a quelques réalisations qui sont faites par les entreprises minières mais, des fois il n’y a pas une cohérence dans l’exécution de cette responsabilité sociétale d’entreprise (Rse). Les collectivités territoriales ne sont pas impliquées. Nous avons essayé d’orienter les entreprises minières de consulter les collectivités territoriales avant de développer des activités dans le cadre de la Rse ». Mieux, ajoute-t-il, « actuellement, ça se passe bien mais des fois aussi l’entreprise essaye de voir avec les communautés et viennent imposer à la collectivité territoriale des actions. On ne peut dire que cela ne participe pas au développement de la région mais, ce n’est pas à grande échelle. Ce n’est pas notoire ». Pour lui, ce suit devrait être fait est que « les entreprises minières nous disent l’enveloppe destinée à la Rse au début de l’année et que ça rime avec la planification de la collectivité territoriale. S’il y’a une concertation entre les collectivités administratives et territoriales, ça sera mieux. Ils vont cerner mieux les besoins des communautés ». La production d’or à Kédougou est passée de 12,5 tonnes (402 231 onces) en 2018 à 12,9 tonnes (415 335 onces) en 2019, a indiqué le rapport de conciliation 2019 de l’Initiative pour la transparence des industries extractives (ITIE). Selon ce document, le total des revenus générés par le secteur extractif a haussé de 0,4 tonnes d’or en 2019 grâce à l’augmentation de la production de la mine de Mako à côté de celle de Sabodala. Pour l’année 2019, les revenus générés par le secteur extractif du Sénégal sont estimés à 161 milliards de francs CFA dont 45 milliards de contributions des entreprises de Kédougou.L’Or est le premier contributeur aux exportations du secteur extractif avec 61,59%, indique le texte. L’ORPAILLAGE TRADITIONNEL, UN GAGNE-PAIN Les consommations intermédiaires sont évaluées à 12,7milliards de FCFA. Il ressort de celle-ci aussi une forte pratique de l’orpaillage traditionnel. Avec 6 170 unités de production contre 102 pour la région de Tambacounda, Kédougou est le premier site d’orpaillage. Le total des unités de production étant de 6 272. L’orpaillage est la principale source de revenus pour les jeunes. Oumar Diémé, le président du site de Kharakhena ne le cache pas. « Il y’a beaucoup de Sénégalais qui y travaillent et gagnent leur vie. Avec l’orpaillage traditionnel, il y’a moins de chômeurs. Il n’y pas de travail au Sénégal qui est plus lucratif que l’orpaillage », affirme-t-il. La doléance de l’orpailleur est d’avoir une augmentation du couloir exploité afin d’assurer la continuité de leur activité. Pour Aliou Bakhoum, l’orpaillage traditionnel est une activité génératrice de revenus qui a changé le visage de Kédougou, il cite en exemple d’immigrés reconvertis à la pratique. Il trouve toutefois qu’il y’a une nécessité de règlementer le secteur. « Nous demandons à l’Etat d’encadrer la pratique. Il y’a la clandestinité, 60% des pratiquants qui sont des étrangers. L’Etat avait démarré avec des cartes d’orpailleurs pour les nationaux pour leur permettre d’être au premier plan dans les mines d’or mais, ça n’a pas continué. Il y’avait des résultats dans tous les sites d’orpaillage officiels, les étrangers occupaient la seconde place. Il faut aussi l’ouverture d’autres sites », a-t-il expliqué. LE REVERS DE LA MÉDAILLE PAR FATOU NDIAYE / sudonline.sn / |