Enquêtes harmonisées sur les conditions de vie des ménages 2018: pourquoi le Sénégal doit-il avoir…

 

 

Après la publication du  résultat des enquêtes harmonisées sur les conditions de vie des ménages, des autorités de la mouvance présidentielle se sont évertuées à  se glorifier et  à crier à tue-tête que le Sénégal est premier au classement  au sein de l’UEMOA.

Rappelons que l’UEMOA est constitué de huit pays  avec des profils d’opportunités différents : le Bénin, le Burkina Faso,  la Côte d’Ivoire, La Guinée Bissau, le Mali, le Niger, le Togo et le Sénégal.

Parmi  ces huit pays trois sont continentaux. Il s’agit du Burkina Faso, du Mali et du Niger.

Cette continentalité constitue une contrainte naturelle au développement pour  ces pays dans le contexte économique actuel : absence de port maritime, action négative  de l’alizé continental  à l’origine de la sécheresse avec tous ses impacts. S’y ajoute l’insécurité intérieure et aux frontières (avec cette tentative d’invasion djihadiste) paralysant  et anéantissant tout effort de développement ; dégradation de la situation sociale avec cette masse  humaine de  déplacés  internes.

Quant aux cinq autres pays restants, ils sont côtiers. Il s’agit du Bénin, de la Côte d’ivoire,  de la Guinée Bissau, du Togo et du Sénégal.

La Côte d’ivoire constitue la locomotive de l’UEMOA. Malheureusement ce pays a vécu une situation politique difficile  et qui a eu pour effet le ralentissement  de sa  vie économique dans cette période  où se sont déroulées les enquêtes.

La Guinée Bissau quant à elle, malgré d’importantes opportunités économiques (ressources, halieutiques, climat tropical humide, important réseau hydrographique…)  a des contraintes d’existence  en tant qu’Etat : absence d’institutions solides, plaque tournante des narco trafiquants, instabilité politique…

Le contexte  dans lequel  les enquêtes ont été menées  est une situation conjoncturelle pour certains Etats (la Côte d’ivoire par exemple).

Ce que ne semblent pas comprendre  certains thuriféraires du régime de Macky Sall. Ils  se référent à ces pays de l’UEMOA pour apprécier les  performances socioéconomiques du Sénégal. Ce qui dénote d’un manque d’ambition.

L’absence d’ambition  s’illustre  par le fait que le Sénégal    mesure ses performances par rapport à ces pays mais non  par rapport à ses propres opportunités : stabilité socio-politique, position géographique stratégique, héritage historique…

La référence du Sénégal doit être aussi son histoire : le Sénégal est le pays qui au moment de l’indépendance a hérité d’importantes infrastructures : port maritime, fluvial, aéroport, chemin de fer, réseau routier, infrastructures industrielles , hospitalières, administratives,  scolaires et universitaires, commerces, Palais présidentiel, Assemblée Nationale…

Si l’on se réfère à l’histoire et à la géographie, le Sénégal d’aujourd’hui devrait  se référer dans le pire cas à la Malaisie ou à la Corée en matière de performance en faveur du développement.

COMPARAISON DES RAPPORTS DE 2011 ET 2018 INTERNE AU SENEGAL

A ce niveau il est bon de rappeler que le rapport de 2011 correspond à la période où le prix du baril de pétrole a connu une flambée inédite jusqu’à atteindre 147 dollars en Juillet 2008. Alors que le rapport de 2018 coïncide  à la tendance significativement baissière du prix du baril de pétrole. Où est le mérite pour l’actuel pouvoir ?

En réalité le pouvoir  actuel pouvait faire mieux s’il avait privilégié la compétence et l’approche structurelle du développement adossé à une  bonne gouvernance.

Comment expliquer rationnellement aujourd’hui qu’au  Sénégal les régions les plus pauvres correspondent paradoxalement à celles qui ont le plus d’opportunités (Il s’agit du sud et de l’est du pays) ? N’est-ce pas un aveu d’impuissance  et d’incompétence ?

Comment comprendre qu’un pays comme le Sénégal  riche en ressources humaines de qualité puisse être dans cette situation d’éternel assisté  renonçant malgré lui à  son honneur et à sa dignité ? N’est-ce pas une des conséquences de la mal gouvernance ?

C’est dans ce contexte d’une  république  du Sénégal  affaissée et malade qu’un soi-disant   cadre du  nom de Samba  se réclamant  du parti de l’Alliance pour la République (parti de Macky Sall au pouvoir) a fait irruption  pour prétend-il, soigner le mal. Après cinq ans d’intervention médicale  sans succès (2015-2020) il s’est avéré que lui aussi est un faux médecin   avec de faux diplômes  académiques et professionnels. Au lieu de soigner le Sénégal  il l’a enfoncé  dans  l’agonie. Ce faux médecin  a eu à travailler pour le compte de la Fondation Servir le Sénégal (structure appartenant à l’épouse du président de la république) et pour le compte de grandes entreprises dans la lutte  contre le  covid 19. Cet autre  faussaire  est le reflet de  l’image réelle de notre sombre république.

Aujourd’hui  le Sénégal renvoie à une image affligeante : corruption, malversations  financières, recul démocratique, promotion de faussaires au sein des institutions de la république, népotisme…

En perspective d’un éventuel redressement de l’image de  la république vis-à-vis d’elle-même et vis-à-vis de ses partenaires et voisins :

Les autorités sénégalaises doivent se garder  de se comparer à un quelconque pays de l’UEMOA pour une question d’éthique. Le logo de l’UEMOA précise clairement que  les Etats membres  doivent adopter une attitude non de concurrence mais bien de solidarité et de complémentarité.

Ensuite le président de la république en toute humilité se doit aujourd’hui de présenter ses excuses à l’ensemble de la communauté internationale pour le tort causé à  certains Etats  à cause de notre mal gouvernance qu’illustrent suffisamment ces nombreux scandales qui ont éclaté   à des niveaux de responsabilité élevée  et à tous les niveaux de pouvoir : l’exécutif( le président de la république  qui amnistie un justiciable qui n’a pas encore été jugé ni condamné), le législatif ( avec un député  trafiquant de faux billets de banque, et d’autres accusés de trafic de faux documents de voyage), et du judicaire( avec un président d’une  cour  d’appel accusé publiquement de corrompu  par son collègue  juge).

Enfin, la  performance en matière de développement  se vit. Le verbe, les incantations, les slogans  ne peuvent  la remplacer.

 

Monsieur Abdou Sané Ancien député, Géographe Environnementaliste.