UN MAGAL SOUS LE SCEAU D’UNE DISCIPLINE STRICTE

 

La 126 ème édition du grand Magal de Touba est célébrée avec des particularités. Concernant l’accès à la grande mosquée, des mesures particulières sont prises par le Dahira Moukhadimatoul Khitma pour veiller sur le comportement et même la tenue des fidèles.

Des grands boubous de toutes les couleurs des têtes bien couvertes, même avec des chaussettes au pied, le tout avec un habillement qui couvre entièrement le corps. Les fidèles mourides se sont mis en mode Magal. De Dakar à Touba, l’accoutrement a complètement changé, surtout chez les jeunes filles. « Nous sommes obligées de nous conformer aux directives du Khalif général des Mourides. Mais une fois ici j’ai remarqué que tout le monde fait de même, les filles s’habillent décemment en se couvrant tout le corps » constate Sokhna Mbengue, venue de Pikine.

De même que chez les garçons, ces changements sont notés. Avant le Magal déjà, beaucoup d’informations ont fuité sur les réseaux sociaux, faisant état de certains interdits. Des coiffures et même la tenue à l’intérieur de la grande mosquée sont strictement surveillées. Aucun écart n’est permis

Venir célébrer ce grand rendez-vous religieux à Touba demande certains sacrifices, surtout concernant l’apparence. « Nous sommes des disciples de Cheikh Ahmadou Bamba Khadimou Rassoul et si nous voulons vraiment profiter des bienfaits du Magal, nous devons vraiment changer nos comportements et nous conformer aux interdits, ce que nous faisons actuellement » confesse Niankou Diallo. Cette fille, originaire de Keur Mbaye Fall, dans la banlieue dakaroise adhère complètement aux directives et compte les respecter à la lettre.

Le Dahira Moukhadimatoul Khitma avait pris les devants

D’habitude à Touba, tous les pèlerins ou presque se conforment au règles vestimentaires : s’habiller décemment, durant le Magal. Mais ces dernières années, des nouvelles tendances très décriées sont apparues. Le Magal était devenu pour certaines l’occasion de rivaliser, sur les réseaux sociaux, en termes de mode vestimentaire. C’est pourquoi, afin d’anticiper sur ces dérives, le Dahira Moukhadimatoul Khitma en charge de la grande mosquée avait pris les devants « Déjà, il faut s’habiller décemment pour pouvoir accéder à la mosquée, parce que c’est un lieu saint, un lieu où on doit tirer des bienfaits et non le contraire » détaille Makhtar Kane, membre du Dahira et en charge de la communication de la mosquée. Raison pour laquelle d’ailleurs, des jeunes sont installés devant toutes les portes pour surveiller les déviants.

Une surveillance qui se fait à tout moment et les hommes en charge de cette tâche parcourent la mosquée afin de redresser les fauteurs. Mais à côté, les Baye Fall aussi s’y mettent en recadrant tout le monde. Sokhna Mbengue affirme, ainsi, avoir été interpelée à plusieurs reprises pour refaire son voile, même aux alentours de la mosquée.

Mais même sans la présence du Dahira, Niankou Diallo, elle, compte sur la complicité des fidèles mourides pour se conformer aux directives du Khalif général des Mourides. . Avec son boubou blanc et ses lunettes de soleil , elle se réfère directement aux directives de Serigne Mountakha Bassirou Mbacké.

Des restrictions sur les photos et vidéos également

Déjà, il faut s’habiller correctement à Touba mais aussi avoir une bonne tenue à l’intérieur de la mosquée. Puisque les fidèles veulent immortaliser leurs moments de communion avec leurs proches et leur foi, le Dahira a décidé de mieux encadrer les photographies dans l’enceinte. « Tout le monde peut prendre des photos ou des vidéos pour les souvenirs mais il est formellement interdit de se mettre en groupe entre garçons et filles » avait fait savoir Makhtar Kane avant de préciser que « les vidéos accompagnées de musique de toutes sortes sont formellement prohibées dans ce lieu saint ».

Des interdits difficilement applicables dans une mosquée, tout le temps bondée de monde et où tout le monde veut garder des souvenirs de son Magal. En tout cas, les téléphones sont interdits à l’intérieur des mausolées, un interdit souvent très respecté par des fidèles qui malgré l’envie de tout partager, “se fixent des limites concernant certaines choses”, pense Ndeye Awa Faye.

Malgré la difficulté de la tâche, la brigade de Makhtar Kane est aux aguets et continue de veiller au bon comportement des fidèles à l’intérieur et aux alentours de la grande mosquée de Touba..

emedia.sn /