Burkina Faso / Procès assassinat de Sankara : Blaise Compaoré et le chef du commando Yacinthe Kafando jugés par contumace, la veuve de Sankara dans tous ses états, invite Compaoré à prendre ses responsabilités.

 

Il a fallu 34 ans de réclamations et de dénonciation pour enfin voir le vœu de la famille Sankara exaucé par les autorités du Faso : l’ouverture du procès du meurtre de Thomas Sankara tué en 1987 dans un coup d’État. Le procès est fixé pour le lundi 11 octobre 2021. Il sera jugé par un tribunal militaire à Ouagadougou.

La seule fausse note est que le principal accusé ne comparaîtra pas. C’est le pool de ses avocats qui a donné l’information à travers un communiqué. Pierre Olivier Sur un de ses conseillers donne les raisons qui leur permettent d’avoir des doutes sur la tenue du procès : « La première raison est qu’il bénéficie, en tant qu’ancien chef de l’État, d’une immunité du fait de l’article 168.1 de la Constitution, qui a été introduit par une loi de 2012 signée par le président Kaboré, qui était à l’époque président de l’Assemblée nationale. La deuxième raison, c’est que la juridiction qui veut le juger est une juridiction d’exception. C’est donc un procès politique, et j’ai la plus grande suspicion face aux juridictions politiques. La troisième raison : j’ai assisté le président Blaise Compaoré dans l’affaire de la répression de l’insurrection populaire de 2014 [en 2017, trente-et-un ministres et Blaise Compaoré ont été jugés dans cette affaire, ndlr]. Cela s’est mal passé et la procédure a été annulée par la Cour de cassation. Cela prouve donc que le Burkina Faso n’est pas à même de juger son ancien président Blaise Compaoré », tente d’expliquer son conseiller.

Cependant, ces explications sont rejetées par la veuve de l’ancien président burkinabè. Devant le micro de Rfi, Mariam Sankara n’a pas raté l’ancien collaborateur de son mari, Blaise Compaoré, qu’elle accuse de lui avoir arraché son mari. « Pour avoir été responsable, il devrait assumer ses actes parce que fuir ne règle pas le problème. Il faut qu’il ait le courage d’assumer ses actes et réponde à la justice burkinabè. C’est vraiment dommage qu’il soit dans cet état d’esprit de ne pas vouloir répondre à la justice. Tout laisse croire que ne pas répondre, changer de nationalité, essayer de se dérober, ce n’est pas courageux. Alors qu’il a réussi à mettre en place ces juridictions en place. Il n’a pas le courage de faire face à la juridiction de son pays », dénonce-t-elle.

Blaise Compaoré ne sera pas seul à ne pas comparaître au procès de l’assassinat de Thomas Sankara. Le chef du commando, M. Hyacinthe Kafando, toujours en fuite, ne figurera pas dans le box des accusés. Par contre le général Gilbert Diendéré, qui dirigea les opérations, ainsi que M. Jean-Pierre Palm, alors chef d’état-major de la gendarmerie, seront eux, bien présents, avec onze autres prévenus. Le président Compaoré se réfugie en Côte d’Ivoire depuis 2014 après l’insurrection populaire d’octobre 2014.

L’audience de la chambre de première instance du tribunal militaire a été délocalisée dans la salle des banquets de Ouaga 2000 pour le procès du président Thomas Sankara et de ses 12 compagnons, lundi 11 octobre 2021.

Pour rappel, le président Thomas Sankara a dirigé les destinées du Burkina Faso de 1983 à 1987. Il a opté pour une gouvernance basée sur le nationalisme avec un développement économique autocentré, lutté drastiquement contre la corruption, soutenu l’éducation pour tous et la libération des femmes. Il avait une autre vision des institutions financières internationales. Sankara a toujours dénoncé la dette de l’Afrique vis-à-vis de ces institutions et leur diktat en juillet 1987 à la tribune de l’organisation de l’unité africaine (OUA) qui a donné naissance à l’union africaine (UA). Il avait une autre vision de l’Afrique, différente de celle prônée par l’Occident…

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