PREMIER MINISTRE “POURQUOI JE SUIS OPPOSÉ À LA PROCÉDURE D’URGENCE…” (PR NDIOGOU SARR)

 

Le chef de l’Etat va saisir l’Assemblée nationale en procédure d’urgence pour la restauration du poste de premier ministre. Invité du Jury du Dimanche, le Professeur Ndiogou Sarr propose que le président Macky Sall discute avec les sénégalais au lieu de saisir directement les parlementaires en procédure d’urgence. « Dans une démocratie, il y a l’élégance qu’il faut préserver. L’élégance c’est quoi ? Ce n’est pas parce que la constitution vous donne tous les pouvoirs que vous pouvez l’utiliser. Il y a l’intelligence de disposer des prérogatives que la constitution vous donne. Je pense que quand on fait une réforme aussi importante, qui va avoir un impact institutionnel et même constitutionnel, je pense qu’il va falloir la partager. Ce n’est pas une obligation mais néanmoins comme ce sont des des réformes qui touchent notre vécu sur le plan social, je pense qu’il faut partager », propose-t-il.

Le professeur à la Faculté de Droit à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), estime que quand les populations ne se retrouvent pas dans ces institutions, celles-ci n’auront plus de valeur : « Lorsque le président faisait campagne en 2019, il n’a pas fait état de cette réforme visant à supprimer le poste de premier ministre. Maintenant qu’il décide de restaurer ce poste, je me dis aussi que c’est le même scénario. Je me demande pourquoi quand on doit procéder à des réformes aussi importantes, on utilise la procédure d’urgence ? Alors que l’encrage institutionnel pouvait nous amener à dire que la réforme est importante et vu les conséquences on devrait prendre le temps d’échanger”.

Selon lui, il faut manier la procédure d’urgence avec beaucoup de subtilités pour montrer à la population que les réformes sont destinées à elles. Parce que, défend-t-il, quand on légifère pour quelqu’un il faut l’associer. « Car la meilleure façon de faire respecter une loi c’est de faire participer la population à la mise en œuvre. C’est pour que les populations sentent que cette loi qui est votée les concerne et que c’est elles-mêmes qui l’ont proposée », a encore soutenu le Professeur Ndiogou Sarr.

Par ailleurs, il est d’avis que la constitution n’est pas le Coran ou la Bible mais sa modification ne doit pas toucher les fondamentaux : “il faut avoir une culture démocratique car c’est un texte sacré. Et pour garder la sacralité il ne faut pas donner de temps en temps l’impression qu’on a banalisé la constitution avec des modifications à outrance ».

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