Égypte: Mahmoud Ezzat, ex-guide suprême des Frères musulmans, condamné à mort

 

La cour d’assises égyptienne de la sécurité de l’État a confirmé ce dimanche 19 décembre la condamnation à mort de l’ancien guide suprême par intérim des Frères musulmans. Il était accusé d’« intelligence avec l’étranger » et « actes de terrorisme et de sabotage ».

Avec notre correspondant en Égypte, Alexandre Buccianti

Les faits remontent à janvier 2011 lors du soulèvement populaire contre Hosni Mobarak. Selon l’accusation, des membres du mouvement islamiste palestinien Hamas et du Hezbollah libanais ont franchi la frontière égyptienne à partir de Gaza pour attaquer 200 postes de police et les prisons où étaient enfermés les Frères musulmans.

Mahmoud Ezzat a été accusé avec d’autres hauts cadres et membres des Frères musulmans d’avoir fourni des informations au Hamas et au Hezbollah pour accomplir « leurs actes de terrorisme et de sabotage » qui ont entraîné la mort de dizaines de policiers et de militaires.

Nouveau procès

Jusqu’à la destitution du président Mohammed Morsi, alors leader des Frères musulmans, en juillet 2013, ces actes étaient considérés comme « héroïques ». En juin 2015, Mahmoud Ezzat avait été condamné à mort par contumace pour « intelligence avec des organisations étrangères » et « actes de terrorisme ». Le procès qui vient de se terminer a commencé après l’arrestation de Mahmoud Ezzat en 2020. En avril 2021, il avait déjà été condamné à perpétuité pour « incitation au meurtre » et pour avoir « fourni des armes » à des manifestants, selon l’accusation.

Les Frères musulmans, une confrérie minée par les divisions et la perte de soutiens

Alors que les condamnations se poursuivent en Égypte contre des cadres et des membres des Frères musulmans, la confrérie décrétée organisation terroriste fait face à des défis sans précédents depuis les grandes purges nassériennes des années 1950-1960.

Pour la confrérie, le « séparatisme » est le principal défi. Depuis l’arrestation de Mahmoud Ezzat il y a un an, il n’y a plus de guide suprême, même par intérim, qui soit reconnu par tous les Frères musulmans.

Aujourd’hui, deux factions en exil se disputent le titre suprême, l’une à Istanbul et l’autre à Londres. Deux factions qui échangent des accusations tellement véhémentes que de jeunes membres prennent leurs distances pour former une branche dissidente de la Confrérie.

L’autre défi pour les Frères musulmans est la perte relative des soutiens dont ils disposaient. Le Qatar qui accueillait de nombreux cadres de la Confrérie, s’est réconcilié avec l’Égypte. Ankara a mis en sourdine ses différends avec Le Caire. Résultat : moins de soutien politique, financier et surtout médiatique. Al Jazeera n’est plus cette chaîne qui attaquait le régime égyptien de Abdel Fattah al-Sissi à longueur de journée.

rfi.fr /