Sanctions de la CEDEAO contre le Mali : Dans la tourmente, les camionneurs sénégalais extériorisent leurs inquiétudes.

 

La décision de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) de sanctionner dimanche dernier le Mali en réponse à ce qu’elle considère comme une volonté de la transition de s’éterniser au pouvoir, est en train de faire des victimes collatérales.

Lors de sa session extraordinaire de dimanche dernier, la CEDEAO a décidé de geler les avoirs maliens au sein de la BCEAO, de fermer les frontières entre le Mali et les États membres, de suspendre les transactions avec Bamako à l’exception des produits médicaux et des produits de première nécessité en sus de la suspension de l’aide financière.

Joints par téléphone, beaucoup de conducteurs de gros porteurs qui font la navette entre Dakar et Bamako via Kidira et Moussala sont dans la tourmente. « Depuis lundi, je devais rallier le Mali mais là je ne peux plus y aller », nous confie Moth Samb, chauffeur de camion de son état. « D’après les échos que je reçois à la frontière entre le Sénégal et le Mali, aucun camion ne peut passer et quel que soit le contenu de son chargement », s’inquiète cet habitué de ce corridor.

Pourtant la CEDEAO avait bien précisé que les produits alimentaires, les hydrocarbures et les médicaments n’étaient pas concernés. « Mais côté malien, on ne laisse rien entrer ni sortir », s’exclame Ibrahima Diallo. Il est le représentant de l’Union des routiers du Sénégal à Moussala.

« Près de 50 camions sont bloqués entre Moussala et Maynamin (coté malien) qui ne sont pas autorisés à traverser la frontière », fulmine ce syndicaliste qui affirme avoir reçu la même information du côté du passage nord, c’est-à-dire Kidira-Diboli où près de 400 camions seraient concernés.

Cette situation, on ne peut catastrophique, rend nerveux les chauffeurs qui craignent pour leur emploi. « Si cela perdure, nous risquons de ne pas percevoir de salaire », alerte un chauffeur. Responsable de l’URS à Moussala, Abdoulaye Hanne ne cache pas son amertume : « Les chauffeurs du Sénégal sont en train de payer les pots cassés des sanctions de la CEDEAO ».

Mais pire, un tel état de fait met en péril toute une activité économique des deux côtés de la frontière.

Rappelons que 1000 camions de transport de marchandises viennent quotidiennement au Sénégal en provenance du Mali et rapportent 253 milliards en termes de recettes. Ce qui veut dire qu’un manque à gagner énorme se profile même si d’après les informations parvenues à Dakaractu, les choses commencent à bouger à Moussala. Les camions citernes et autres gros porteurs qui avaient chargé des produits alimentaires sont actuellement en train de traverser la frontière.

Cela signifierait-il que la partie malienne qui avait décidé d’appliquer la réciprocité aux pays de la CEDEAO en fermant catégoriquement ses frontières est en train de revenir à de meilleurs sentiments ? Une chose est sûre : le Mali et le Sénégal ont beaucoup à perdre de cette situation si elle venait à perdurer…

Dakaractu.com /