Côte d’Ivoire: Tiémoko Meyliet Koné, actuel gouverneur de la BCEAO, nommé vice-président

 

Devant les deux chambres réunies en Congrès, le président ivoirien Alassane Ouattara a annoncé, ce mardi 19 avril, la nomination d’un nouveau vice-président. Il s’agit de Tiémoko Meyliet Koné, actuel gouverneur de la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest.

Avec notre envoyé spécial à Yamoussoukro, Pierre Pinto

Le poste était vacant depuis juillet 2020. La nomination de Tiémoko Meyliet Koné au poste de vice-président de Côte d’Ivoire est une petite surprise. Son nom n’apparaissait presque jamais dans les pronostics ces derniers jours.

Quoi qu’il en soit, le président Alassane Ouattara n’a pas tari d’éloges sur lui, saluant son expérience gouvernementale il y a une quinzaine d’années, parlant de lui comme d’un « technocrate hors pair », un « brillant économiste », « un homme de consensus et de probité ».

À bientôt 73 ans, Tiémoko Meyliet Koné est gouverneur de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) depuis 2011. Un mandat qu’il va devoir écourter pour regagner Abidjan, la BCEAO étant basée à Dakar, au Sénégal.

Cet économiste est un pur produit des institutions financières internationales, et de la BCEAO en particulier qu’il connait de fond en comble. Son expérience politique en Côte d’Ivoire est assez brève : quatre ans. D’abord entre 2007 et 2010, comme directeur de cabinet du Premier ministre Guillaume Soro, puis comme ministre de la Construction. Il sera ensuite, durant quelques mois, conseiller spécial d’Alassane Ouattara avant de repartir à la BCEAO.

Vision libérale de l’économie

Carrure massive, visage placide, élocution posée, le natif de Tafiré dans le nord du pays a des allures de sphynx. Derrière des lunettes à monture métallique, se cache un tempérament austère, disent ceux qui l’ont côtoyé. Ils louent par ailleurs ses qualités de grand travailleur. La BCEAO qu’il a dirigée a représenté l’axe de sa vie professionnelle.

Il partage avec Alassane Ouattara une même vision libérale de l’économie. Ce gardien de l’orthodoxie aura dirigé la BCEAO dans la continuité, mais avec un sens avéré de l’adaptation. L’agilité dont il fit preuve pour répondre à la crise engendrée par la pandémie en créant les bonds Covid a permis aux économies de la zone Uemoa de surnager.

De même, il a beaucoup soutenu le développement des fintechs, les technologiques de la finance. Sur les questions plus politiques comme l’abandon du franc CFA, il s’est en revanche montré prudent, rappelant cependant en plusieurs occasions que la stabilité monétaire était pour lui la clé de la prospérité.

« Capable de tenir ce rôle »

En choisissant Tiémoko Koné, Alassane Ouattara prend les amateurs de pronostics à contre-pied. Certains dans la classe politique voient en cette nomination la propulsion sur le devant de la scène d’un successeur potentiel en vue de la présidentielle de 2025. D’autres saluent du choix d’un homme de consensus, un technocrate qui a toujours autant que possible évité les jeux politiciens, et qui ne devrait pas bouleverser l’échiquier politique.

Le nouveau vice-président doit encore prêter serment. Son éligibilité a, en tout cas, été validée ce matin par le Conseil constitutionnel.

Les réactions étaient plutôt positives parmi les parlementaires ce mardi. Sur le parvis de la Fondation Félix Houphouët-Boigny à Yamoussoukro, ils ont commenté le choix d’Alassane Ouattara.

« Il aurait pu désigner n’importe qui, mais il a estimé que la personnalité qu’il a eu à désigner répondait aux critères conformes à sa vision. Il a indiqué que c’est quelqu’un qui a des compétences internes comme internationales. Moi je suis persuadé, partageant la même vision que le chef de l’État dans le cadre politique, que là où il pointe le doigt, c’est de là que jaillira la lumière », positive Abdoulaye Ben Meïté député RHDP.

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