Tambacounda : Les femmes journalistes pour une application « rigoureuse » de la carte nationale de presse

 

La carte nationale de presse sera exigée aux journalistes et techniciens des médias à compter du 1er juin. A Tambacounda, les femmes journalistes souhaitent une application « rigoureuse » de cette carte dont la Commission de la carte nationale de presse (CCNP) se charge de la délivrance tel stipulé par le Code de la presse voté en 2017.

Sokhna Diom, Cheffe du bureau régional de l’Agence de presse sénégalaise (APS) de Tambacounda.

«  Je pense que c’est un début pour un assainissement du secteur de la presse. Une fois que la carte nationale de presse entrera en vigueur, elle sera obligatoire et le journaliste devra la présenter partout où ça sera  nécessaire. Cela permettra aux acteurs de développement, de l’Administration, des ONG de savoir que toute personne qui se présente à eux avec cette carte de presse a été reconnue par la Commission de la carte nationale de presse(CCNP)  qui a pu certifier sa qualité de journaliste. Et par conséquent, elle pourra faire convenablement son travail. Donc je pense que même si cela ne règle pas dans un premier temps toutes les difficultés que connait le secteur, cette carte est en bonne voie pour assainir le milieu de la presse ».

Faustine Simone Bampoky, Rédactrice en chef du groupe de presse Alkuma (Média privé).

«  La carte nationale de presse est une bonne chose en ce sens qu’elle va permettre de valoriser le métier de journaliste. Nous constatons régulièrement que lors des manifestations des personnes se présentent comme étant journalistes alors qu’ils ne le sont pas. Cela se comprend d’autant plus qu’ils sont obsédés par les perdium(…). Je suis totalement en phase avec la Commission de la carte nationale de presse  dans sa volonté d’assainir le secteur de la presse avec l’instauration de cette carte.

Les autorités doivent s’impliquer pour que la carte nationale de presse puisse jouer pleinement son rôle.  L’objectif, avec cette carte, est surtout de pouvoir identifier les gens qui sont journalistes et ceux qui ne le sont. Donc ces autorités doivent appuyer la Commission, en quoi faisant ? En prenant toutes les dispositions nécessaires pour son application. Je pense que c’est important. Si on n’applique pas la carte nationale de presse, le désordre constaté dans le secteur de la presse va perdurer ».

Mme Fatou Diakhaté Fadiga, Directrice  générale de Weli Média (groupe de presse privé).

«  Il nous faut assainir le secteur de la presse. Je pense que la carte nationale de presse est un début pour mettre de l’ordre dans la sphère médiatique sénégalaise. C’est un pas de plus(…).

C’est compliqué de faire appliquer une loi au Sénégal, dans tous les domaines, notamment dans le domaine du journalisme. On l’a vu avec la loi sur le loyer et dans d’autres secteurs. Mais, comme je l’ai dit tantôt, il vaut mieux essayer que de rester là à rien faire. La presse reste le quatrième pouvoir, donc ce n’est pas n’importe qui qui doit se lever un beau jour  et se déclarer journaliste. Chacun doit savoir ce qui l’attend en étant journaliste (…). L’éthique et la déontologie manquent actuellement dans le journalisme au Sénégal ».

Cas des enseignants journalistes : «  Que chacun reste dans son domaine professionnel pour travailler ».

Interpellées sur le cas des enseignants journalistes qui  ne disposeront  pas de la carte nationale de presse du fait de leur statut de fonctionnaire de l’Etat, nos co-échangistes estiment toutes qu’il ne devrait pas y avoir un « cumul de fonction ».

Faustine Simone Bampoky, Rédactrice en chef du groupe de presse Alkuma (Média privé).

«  Concernant les enseignants qui exercent dans le milieu de la presse, chacun doit respecter son métier, son domaine. Il faut qu’on puisse au moins permettre à ceux qui sont sortis des écoles de journalisme d’exercer  leur profession comme il le faut. Que chacun reste dans son domaine professionnel pour travailler ».

Mme Fatou Diakhaté Fadiga, Directrice générale de Weli Média (groupe de presse privé).

« Pour le cumul de fonctions, nous sommes dans un pays pauvre. Donc on ne peut pas se permettre qu’une seule personne ait deux fonctions en même temps. Ça va être compliqué de pouvoir complétement assainir le secteur de la presse,  et d’y enlever les enseignants(…) Mais je pense que progressivement on peut y arriver. Que chacun puisse rester dans son domaine. Maintenant pour avoir des chroniqueurs, on pourrait faire appel aux enseignants(…). Peut-être on  y arrivera mais pour l’instant, ça sera très compliqué d’autant plus que dans les régions, il n’y a pas assez de journalistes et la plupart des correspondants régionaux sont des enseignants. Cela  va être compliqué mais c’est la loi. Et si on applique cette loi, les patrons de presse doivent recruter les journalistes de profession comme correspondants régionaux.  Je suis pour une application de la carte nationale de la presse. Je suis journaliste depuis plus de dix ans. Mais ce que je vois de plus en plus dans ce secteur-là, franchement ça décourage.  Aujourd’hui toute personne peut se lever un beau jour et devenir journaliste(…) On doit assainir cet environnement ».

Sokhna Diom, Cheffe du bureau régional de l’Agence de presse sénégalaise (APS) de Tambacounda.

« (…) C’est vrai que les organes de presse n’ont pas assez de moyens financiers et humains qui leur permettent d’avoir des correspondants régionaux pour relayer les informations, mais il le faut, c’est la loi qui le stipule. Au début, ça sera difficile, mais que les entreprises de presse fassent l’effort de recruter les journalistes qui sortent des écoles de formation pour les envoyer dans les régions comme correspondants et laissent les enseignants exercer leur profession. Il faut que la carte nationale de presse soit appliquée de manière très rigoureuse. Le journaliste est un métier noble(…). Les enseignants vont enseigner, les médecins feront de même. Que chacun fasse son travail(…).

Beaucoup de personnes estiment que le secteur de la presse n’est pas organisé. Que la presse ne relaie plus les informations comme il le faut. Que c’est une presse presque partisane, une presse de faits divers. Donc c’est à nous journalistes de travailler ensemble pour corriger ces erreurs. Et pour le faire, il faut une application rigoureuse de la loi ».

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