Le chef du gouvernement italien Mario Draghi présente sa démission, le président la refuse

 

 

Mario Draghi a présenté ce jeudi 14 juillet sa démission au président Sergio Matterella, après l’effritement de sa coalition, mais celui-ci l’a refusée.

Dans un communiqué, la présidence italienne indique ce jeudi soir que Sergio Mattarella a refusé la démission du président du Conseil. Mario Draghi avait annoncé plus tôt dans la journée lors d’un Conseil des ministres son intention de présenter sa démission, après la décision du Mouvement 5 étoiles (M5S), membre de la coalition au pouvoir, de boycotter un vote de confiance au Sénat.

Le vote de confiance portait sur un décret-loi contenant des mesures d’environ 23 milliards d’euros pour aider les familles et les entreprises face à l’inflation. Le texte en question contient également une mesure pour faciliter la construction d’un incinérateur d’ordures à Rome, à laquelle sont opposés les M5S. Mais des analystes interrogés par l’Agence France-Presse prêtent aussi aux M5S des arrières-pensées électoralistes et une volonté de récupérer de la visibilité. Vainqueur des dernières élections législatives en 2018 avec 32% des voix et une majorité relative au Parlement, le mouvement n’a cessé depuis de dégringoler dans les intentions de vote. Il se situe aujourd’hui à 10%-11%, et nombre de ses élus l’ont quitté.

La coalition soutenant le président du Conseil rassemblait jusqu’ici toutes les forces politiques représentées au Parlement, à l’exception du parti d’extrême droite Fratelli d’Italia. Mario Draghi dispose donc théoriquement d’une majorité pour gouverner même sans les 5 Étoiles, mais l’ex-patron de la Banque centrale européenne avait affirmé à plusieurs reprises qu’il n’y aurait pas de gouvernement sans eux.

Il était en effet arrivé aux affaires début 2021 pour constituer une coalition d’« unité nationale » susceptible de surmonter l’urgence pandémique et la crise économique qui s’est ensuivie. Or, sans le soutien des M5S, il considère que son gouvernement devient « politique » et estime n’avoir pas été mandaté pour conduire un cabinet de cette nature.

Une position qu’il a réaffirmée ce jeudi devant ses ministres. « Depuis mon discours d’investiture au Parlement, j’ai toujours dit que ce gouvernement aurait continué seulement s’il avait une perspective claire de réaliser le programme de gouvernement sur lequel les forces politiques avaient voté la confiance (…) Ces conditions n’existent plus aujourd’hui », a déclaré Mario Draghi.

Mais plutôt que d’accepter sa démission, le président Sergio Mattarella l’a invité à se présenter au Parlement pour vérifier s’il pourrait obtenir la confiance des partis qui ont soutenu son gouvernement, depuis sa formation en février 2021. Le jour de vérité a été fixé au 20 juillet, précise notre correspondant à Rome, Anne Le Nir. Toutes les forces de gauche assurent qu’elles voteront la confiance. En revanche, la Ligue de Matteo Salvini pourrait préférer un retour aux urnes. Tandis que le Mouvement 5 étoiles n’écarterait pas l’hypothèse de rentrer dans les rangs de la majorité.

rfi.fr