Kenya: Martin Wanyonyi devient le premier homme atteint d’albinisme élu député

 

Les Kényans ne connaissent toujours pas le nom de leur prochain chef d’État, mais un nombre important d’élus locaux ont déjà été annoncés depuis le scrutin du 9 août. Dans l’ouest, une victoire a été remarquée : celle de Martin Wanyonyi, élu député dans la circonscription de Webuye Est. Il devient ainsi le premier député élu atteint d’albinisme, cette particularité génétique qui se caractérise par une production insuffisante de mélanine. Son élection est un symbole fort au Kenya, où les personnes albinos ont historiquement été victimes de discriminations, voire d’attaques.

Avec notre envoyée spéciale à Kisumu, Albane Thirouard

Martin Wanyonyi ne cache pas sa joie. Il était élu au sein de l’assemblée du comté ; désormais, il accède au siège de député. Ses envies de politique remontent à loin. Il a en tête, depuis très jeune, de défendre les droits des personnes atteintes d’albinisme :

« Personne ne défendait mes droits. Que ce soit mes camarades de classe, mes professeurs ou même mes parents, personne ne comprenait vraiment qui j’étais. À cause de l’albinisme, nous subissons souvent des insultes, nous sommes exclus, discriminés… Certains ont même du mal à accéder à des soins de santé ou à une éducation. »

Un député albinos avait déjà accédé au Parlement en 2013, mais il avait été nommé pour représenter certains groupes minoritaires, comme les personnes en situation de handicap.

Pour Martin Wanyonyi, son élection marque une étape supplémentaire. « Pour la première fois, nous entrons dans la politique généraliste grâce au suffrage universel. Mon élection prouve que le pays est dans la bonne direction. Progressivement, nous parvenons à faire changer les stigmatisations (que nous subissions). Dans ma région, aujourd’hui, les gens ne me voient plus seulement comme une personne albinos mais comme un politique comme un autre. »

Martin Wanyonyi ne compte pas s’arrêter là. Pas tant que les personnes atteintes d’albinisme continueront à être stigmatisées au Kenya. Il aimerait d’ailleurs en voir plus au Parlement. Et même, pourquoi pas, avoir un jour son nom sur un bulletin de vote présidentiel.

RFI