RDC: dans le Nord-Kivu, le sentiment d’abandon de la population

 

En République démocratique du Congo, le gouverneur militaire de la province du Nord-Kivu « appelle la population à cesser immédiatement ses manifestations qui profitent aux terroristes ». Les autorités militaires justifient cette décision par les violences qui secouent la région depuis des semaines. Une décision que conteste le mouvement de la société civile LUCHA.

Vendredi dans la ville de Butembo, cinq policiers ont été tués en marge d’une manifestation contre l’insécurité. Plus tôt dans la semaine dans la même ville, plus de 800 détenus de la prison centrale de Kakwangura se sont évadés suite à une attaque attribuée aux combattants de l’ADF accompagnés de miliciens Maï-Maï, et tuant deux policiers.

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Par la voix de son porte-parole, le général Sylvain Ekengé, le gouverneur militaire du Nord-Kivu dit « comprendre le ras-le-bol de la population, mais juge intolérable les attaques armées contre les forces de défense et de sécurité ». Une décision que conteste le mouvement de la société civile LUCHA.

Pour Grace Kabera qui représente le mouvement à Goma, les autorités militaires doivent admettre que l’Etat de siège a échoué. Elle a été jointe par Sidy Yansané« On a l’impression d’être abandonné, on a l’impression que la Monusco ne fait rien du tout, on a l’impression que l’Etat de siège a échoué, c’était une mesure qui était censée prendre trente jours, mais là on est à plus de douze mois.

On pense que le gouverneur militaire devrait s’abstenir, et ne devrait pas se prononcer sur ce genre de questions et prendre des décisions aussi farouches. Nous sommes dans un État où il faut que la population se prenne en charge, même quand on est à la maison, même quand on ne manifeste pas, les gens qui tuent les populations les trouvent dans leurs maisons, les trouvent dans leurs champs, et un peu partout même sur la route pendant leurs activités, leurs petits commerces et tout ça…

Donc rester à la maison, je crois que c’est plus dangereux que d’aller manifester, parce que quand on va manifester, on fait entendre notre voix un peu plus haut et un peu plus loin. C’est une échappatoire de penser que si on manifeste, on se laisse infiltrer, il y a aussi les rebelles qui viennent parmi nous, ce n’est pas du tout valable, c’est n’importe quoi. »

RFI