Iran: Réseaux sociaux bloqués après des manifs qui ont fait au moins 17 morts

 

Les autorités iraniennes ont bloqué l’accès à Instagram et WhatsApp, après six jours de protestations contre la mort d’une femme arrêtée par la police des mœurs, dans lesquelles entre 17 et une trentaine de personnes ont péri, selon les bilans. «Sur décision des autorités, il n’est plus possible d’accéder en Iran à Instagram depuis mercredi soir et l’accès à WhatsApp est également perturbé», a annoncé l’agence de presse Fars. Cette mesure a été prise à cause «des actions menées contre la sécurité nationale par des contre-révolutionnaires, via ces réseaux sociaux».

Instagram et WhatsApp étaient les applications les plus utilisées en Iran depuis le blocage des plateformes comme Youtube, Facebook, Telegram, Twitter et TikTok, ces dernières années. De plus, l’accès à internet est largement filtré ou restreint par les autorités.

Des experts des droits humains de l’ONU ont condamné «le recours à la violence physique contre les femmes», ainsi que les «perturbations d’internet dictées par l’État». Ces perturbations «font généralement partie des efforts visant à étouffer la liberté d’expression et à limiter les manifestations», ont-ils déclaré.

Répression brutale, vives condamnations

Le décès de Mahsa Amini, âgée de 22 ans, a suscité de vives condamnations dans le monde, alors que les ONG internationales ont dénoncé une répression «brutale» de manifestations. La jeune femme, originaire du Kurdistan, avait été arrêtée le 13 septembre à Téhéran, pour «port de vêtements inappropriés» par la police des mœurs, une unité chargée de faire respecter le code vestimentaire strict dans la République islamique d’Iran, où les femmes doivent se couvrir les cheveux et n’ont pas le droit de porter des manteaux courts au-dessus du genou, des pantalons serrés ou des jeans troués.

Elle est décédée le 16 septembre à l’hôpital. Selon des militants, elle a reçu un coup mortel à la tête, mais les responsables iraniens ont démenti et annoncé une enquête.

Les manifestations ont éclaté aussitôt après l’annonce de sa mort. Depuis, elles ont touché une quinzaine de villes, jusqu’à la cité sainte chiite de Qom, au sud-ouest de Téhéran. Les agences iraniennes ont évoqué le décès de sept manifestants et quatre membres des forces de sécurité lors des protestations. Amnesty international a dénoncé une «répression brutale» et «le recours illégal aux tirs de grenailles, billes d’acier, gaz lacrymogènes, canons à eau et coups de bâton pour disperser les manifestants».

Foulards brûlés

Dans le sud de l’Iran, des vidéos datant apparemment de mercredi montrent des manifestants brûler un portrait immense du général Qassem Soleimani, tué par une frappe américaine en Irak en janvier 2020. Ailleurs dans le pays, des manifestants ont incendié des véhicules de police et scandé des slogans hostiles au pouvoir, selon l’agence officielle Irna. La police a riposté par des gaz lacrymogènes et de nombreuses arrestations.

D’autres images montrent des manifestants résistant aux forces de l’ordre. Les plus virales sur les réseaux sociaux sont celles où l’on voit des femmes mettre le feu à leur foulard.

(AFP)