45 milliards FCFA volés : Niasse et Baba Diao épinglés

 

Les « Suisse Secrets » n’ont pas fini de livrer tous leurs secrets. La fuite de données de Crédit Suisse apporte aujourd’hui un nouvel éclairage sur une gigantesque affaire de corruption sur des contrats pétroliers au Nigeria à la fin des années 1990. Dans un article publié le 22 septembre, nos partenaires de l’Organisation Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) révèlent l’existence de cinq comptes en banque suisses, jusqu’alors inconnus, contrôlés par des employés de Addax Petroleum.

Selon une enquête publiée ce jeudi par plusieurs médias africains et européens, «les dirigeants d’une société d’énergie obscure ont soudoyé des responsables nigérians pour obtenir des licences d’exploitation pétrolière spectaculairement rentables. Aujourd’hui, le projet Suisse Secrets révèle que la société mère de l’entreprise (AOG) a versé de l’argent sur des comptes bancaires suisses détenus conjointement par ses employés et des élites africaines, dont deux sénégalais très connus… Suisse Secrets qui est un projet de journalisme collaboratif basé sur des fuites de données de comptes bancaires du géant bancaire suisse «Crédit suisse» a dévoilé un scandale de corruption et de pots-de-vin au Nigeria.

L’enquête Suisse Secret publiée hier remonte le temps et éclabousse des politiciens nigérians, congolais et sénégalais. C’est une affaire de gros sous qui intéressent des magnats du pétrole. Plusieurs dizaines de milliards FCFA sont tombés dans les cinq  comptes conjoints ouverts dans les livres de Crédit Suisse au profit de ces élites. La société AOG basés en Suisse a alimenté cinq comptes conjoints à hauteur de 66 859 252 francs suisse  soit  45. 698 093 617,81 milliards FCFA) Pour plus de précisions, les enquêteurs expliquent : «Dans les années 1990, les dirigeants d’une société d’énergie obscure ont soudoyé des responsables nigérians pour obtenir des licences d’exploitation pétrolière spectaculairement rentables (Addax Petroleum). Aujourd’hui, le projet Suisse Secrets révèle que la société mère de l’entreprise a versé de l’argent sur des comptes bancaires suisses détenus conjointement par ses employés et des élites africaines, dont un chef espion nigérian… et d’autres personnalités congolaises et sénégalaises.»

Les enquêteurs ont formellement identifiés les onze signataires des cinq comptes conjoints où plusieurs dizaines de milliards de FCFA ont transité. Selon les écrits de nos confrères de Suisse Secrets, il s’agit de quatre employés de AOG (Mamadou Ciss, Franklin Jackson, Lourenco de Almeida et Ali Kewe Ndiaye) ; deux nigérians Umaru Ali Shinkafi et Ahmed Kusamotu ; deux congolais, Maurice Nguesso et Dominique Nimi Madingou ; deux sénégalais, Moustapha Niasse (homme politique) et Baba Diao (marchand de pétrole)… l’identité de la dernière personnalité n’étant pas connue… Toutefois, Moustapha Niass a nié avoir eu connaissance de ces comptes, mais déclare qu’il était l’un des actionnaires fondateurs d’AOG en 1987 et qu’il avait quitté la société en 2006 après l’introduction d’Addax à la Bourse de Toronto…

Ces allégations sont corroborées par l’OCCRP (le Projet de signalement du crime organisé et de la corruption. «Aujourd’hui, l’OCCRP a découvert de nouvelles preuves que les dirigeants du groupe Addax et Oryx (AOG), la société qui possédait Addax, entretenaient des liens financiers secrets avec des politiciens d’Afrique de l’Ouest et centrale alors qu’Addax prospérait. Comme les pots-de-vin, cet argent a également été acheminé via le système bancaire suisse.

« Suisse Secrets » est une enquête collaborative basée sur la fuite d’informations issues de plus de 18 000 comptes bancaires administrés par Crédit Suisse depuis les années 1940 jusqu’à la fin des années 2010. Ces données ont été transmises par une source anonyme, il y a un peu plus d’un an, au quotidien allemand Süddeutsche Zeitung, qui les a partagées avec quarante-sept médias internationaux, dont Le Monde et le consortium d’investigation Organized Crime and Corruption Reporting Project ou OCCRP. Ces données ont été passées au peigne fin par 152 journalistes issus de trente-neuf pays. Ceux-ci ont, en outre, interrogé d’anciens responsables de la banque, ainsi que des régulateurs et des magistrats anticorruption, et analysé de multiples dossiers judiciaires et déclarations financières. La personne à l’origine de cette fuite a tenu à conserver l’anonymat, mais a accepté d’expliquer sa motivation : dénoncer les effets du secret bancaire suisse sur la communauté internationale. Selon cette source anonyme, « le prétexte de la protection de la confidentialité financière n’est qu’une feuille de vigne couvrant le rôle honteux des banques suisses en tant que collaboratrices des fraudeurs fiscaux ».

 

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