“Dougoutigui”, “premier ascenseur”, “demi-dieu” : les bons mots du conseil présidentiel de Tambacounda

 

 

Tambacounda, 28 déc (APS) – Le conseil présidentiel de développement territorialisé tenu mardi à Tambacounda a été marqué par des moments d’humour ponctués d’anecdotes les unes plus drôles que les autres. Comme autant de pauses récréatives nécessaires à une rencontre d’une si grande solennité.

Il est naturellement revenu au chef de l’Etat, Macky Sall, de diriger les travaux de ce conseil présidentiel axé sur  les potentialités et défis portant sur le développement de la partie orientale du Sénégal.

L’imposant chapiteau installé dans les locaux de la gouvernance, pour les besoins de cette rencontre, suffisait à lui seul comme preuve du sérieux attendu des échanges, à la mesure des défis auxquels la région orientale se trouve confrontée.

Le chef de l’Etat, qui dirigeait les travaux dans une solennité toute républicaine, a eu le mérite d’introduire un peu de légèreté dans les échanges, histoire de mettre plus à l’aise ses interlocuteurs.

De vrais moments d’humour pour détendre l’atmosphère, quand le président Macky Sall, s’adressant au ministre des Forces armées, l’a appelé “le dougoutigui”, le chef du village en bambara.

“Sidiki Kaba est le dougoutigui. Tout le monde l’appelle comme ça ici. C’est le vrai dougoutigui”, a lancé le chef de l’Etat.

Une volonté de dérider l’ambiance, bien sûr, mais aussi une manière de mieux mettre en scène M. Kaba en soulignant tout le poids de son statut de notable. Une symbolique qui a beaucoup compté dans la clameur d’approbation, les rires et applaudissements qui ont accueilli le propos présidentiel.

Les partisans du ministre des Forces armées, nombreux sur place, ont eu tout le loisir de reprendre en chœur le mot “dougoutigui”, qui renvoie surtout à ses racines locales, à son ancrage familial.

Sidiki Kaba a répondu en évoquant les investissements réalisés par le gouvernement dans la région de Tambacounda.

“Merci Monsieur le président pour l’agrandissement de la carte judiciaire de la région. Merci pour ce beau bâtiment qui abrite notre cour d’appel. Pour la petite histoire, il abrite le premier ascenseur de la région”, dit-il pour rendre la politesse.

Une pointe d’humour accueillie par un brouhaha général et des rires nourris. Mais c’était sans compter avec le ministre des Forces armées dont on pouvait attendre, en avocat accompli, autre chose que l’histoire du “premier ascenseur de Tambacounda”, toute drôle soit-elle.

“Saviez-vous que je suis le 20ème ministre des Forces armées de l’histoire du Sénégal ?” a-t-il interrogé avant de poursuivre son allocution.

“Valdiodio Ndiaye a été le premier ministre des Forces armées du Sénégal. Ensuite il y a eu Léopold Sédar Senghor, Abdou Diouf, Daouda Sow. Un fils de Tambacounda, en l’occurrence Sidiki Kaba figure sur cette liste”, a-t-il dit pour conclure.

A la suite du ministre des Forces armées, le chef de l’Etat a repris la parole : “Visiblement, les prétoires vous manquent Maître Kaba”, a-t-il dit avant de rire de sa remarque, qui visait surtout à relever la qualité du discours de l’avocat tombé en politique où il fait désormais valoir ses talents de rhéteur.

Le lapsus du maire de Tambacounda, Papa Banda Dièye, a ajouté à la bonne humeur générale, quand il a sollicité “une préfecture de police” pour sa ville.

Cela n’a pas échappé au président Macky Sall. “Mais Monsieur le maire Papa Banda Dièye, a-t-il rétorqué à l’édile, vous avez réclamé des préfectures de police. Mais elles n’existent pas au Sénégal. Nous avons ici des commissariats de police et non des préfectures de police”.

“Sûrement le maire est un amateur de films parce que ce terme est fréquent dans certains films”, a  ajouté Macky Sall, provoquant une hilarité générale.

Le président de la République a réservé le meilleur pour la fin. “Je dois apporter une précision parce qu’il y a tellement d’esprits pervers dans le pays”, a-t-il avancé en s’adressant à l’assistance.

“Aissata Sall [la ministre des Affaires étrangères] a dit que j’ai récemment rencontré l’empereur du Japon qu’on appelle demi-dieu. C’est son surnom. Je ne veux pas que demain dans les réseaux sociaux, on écrive que j’ai vu le demi-dieu”.

“Je n’ai jamais vu un demi-dieu. J’ai vu l’empereur japonais qui est appelé ainsi”, a assené le chef de l’Etat dont les propos ont déclenché un fou-rire sous le chapiteau.