Helsinki : Majorité de Finlandais prêts à rejoindre l’OTAN sans attendre la Suède

 

 

Une majorité de Finlandais sont favorables à ce que leur pays entre dans l’OTAN sans attendre la Suède, bloquée sine die par la Turquie, selon un sondage publié jeudi. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a suggéré dimanche pour la première fois que le Parlement turc pourrait ratifier l’adhésion de la Finlande sans celle, déposée conjointement, de la Suède.

Selon le sondage de l’institut Taloustutkimus publié par le quotidien finlandais «Ilta-Sanomat», 53% des sondés estiment que la Finlande ne devrait pas «attendre la Suède» même «si cela prend plus de temps à ratifier à cause, par exemple, de l’opposition de la Turquie.» Seuls 28% estiment que le pays devrait attendre la Suède pour rejoindre conjointement l’alliance militaire, selon cette enquête réalisée auprès de 1021 Finlandais entre le 30 janvier et le 1er février.

Réaction à l’invasion de l’Ukraine

Tournant le dos à leur traditionnel non-alignement, les deux pays ont candidaté ensemble en mai 2022 à l’OTAN, en réponse à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Suspendues à l’approbation de l’ensemble des pays membres de l’alliance, les candidatures de la Suède et de la Finlande sont actuellement bloquées par la Turquie.

Blocage d’Ankara

La Turquie reproche notamment le refus de la Suède d’extrader des dizaines de suspects qu’Ankara associe à des militants de groupes «terroristes» kurdes et à la tentative ratée de coup d’État de 2016.

La décision de Stockholm d’autoriser plus tôt ce mois-ci une manifestation devant l’ambassade de Turquie à Stockholm, au cours de laquelle un Coran a été brûlé, a provoqué l’ire d’Ankara qui a mis un coup d’arrêt aux négociations après le report d’une réunion tripartite prévue pour février.

Dimanche, le président Recep Tayyip Erdogan a pour la première fois sous-entendu que la Turquie pourrait approuver la candidature finlandaise, sans faire de même pour la Suède. La Finlande a réaffirmé son souhait de rejoindre l’alliance avec la Suède.

Stockholm veut durcir sa législation antiterroriste

Le gouvernement suédois a annoncé jeudi vouloir interdire un plus grand nombre d’activités liées à des groupes extrémistes dans le cadre d’un texte visant à durcir sa loi antiterroriste, une demande clé d’Ankara pour approuver la candidature suédoise à l’OTAN.

Stockholm avait modifié sa Constitution en novembre afin de permettre ce changement, en gestation depuis plusieurs années. «C’est une criminalisation plus large, qui vise un grand nombre d’activités au sein d’une organisation terroriste qui ne sont pas concrètement connectées à un crime terroriste particulier», a expliqué le ministre de la Justice, Gunnar Strömmer, lors d’une conférence de presse.

D’après le nouveau projet de loi, seraient ainsi criminalisés des actes comme la manutention d’équipement, l’organisation de rassemblements ou de réunions, la cuisine ou la gestion des transports pour des organisations désignées comme terroristes. Selon le ministre de la Justice, cette nouvelle loi est un élargissement considérable du champ (ndlr: des actes punissables) comparé à la législation actuelle.»

Le gouvernement prévoit de soumettre le projet de loi à un vote du parlement en mars, pour une mise en application à partir de juin. Un changement dans la Constitution a été nécessaire pour permettre l’adoption de ce texte, jusqu’ici impossible du fait de la définition de la liberté d’association en Suède.

Depuis les attentats de Stockholm en 2017, où un demandeur d’asile ouzbek ayant prêté allégeance au groupe Etat islamique (EI) avait foncé dans une rue commerçante de la ville et tué cinq personnes, la Suède a déjà renforcé ses lois antiterroristes.

(AFP)