Naufrage en Italie: Les migrants survivants et les familles pleurent les morts

 

 

Des survivants pleurant sur les cercueils de leurs proches dans un palais des sports transformé en chapelle ardente: l’émotion est vive, mercredi à Crotone, dans le sud de l’Italie, trois jours après le naufrage meurtrier d’une embarcation de migrants.

Prières et cris de désespoir

Des membres des familles des survivants et des 67 victimes sont également arrivés sur place depuis l’étranger pour récupérer les dépouilles. Parallèlement, les membres des équipes de secours continuent à chercher les corps des autres victimes le long des côtes. Celui d’un garçon de 5 ans a ainsi été retrouvé mercredi matin, ont annoncé les autorités locales.

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À Crotone, des femmes en pleurs sont conduites à l’intérieur de la chapelle ardente entre les rangs de cercueils installés sur le parquet du PalaMilone, le centre sportif de cette ville de près de 60’000 habitants située en Calabre, le talon de la botte italienne. Certains s’agenouillent et prient en silence, d’autres crient leur désespoir. Après une prière en groupe, des femmes et des hommes étreignent et caressent les cercueils ornés de fleurs, un homme éclate en sanglots en touchant une peluche. D’autres, pris de malaises, sont évacués par des membres de la Croix-Rouge italienne.

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«Un moment très difficile»

Une psychologue dépêchée par l’ONG Médecins sans Frontières (MSF) était présente pour les soutenir. «Nous avons accompagné les survivants du naufrage, mais aussi de nombreux parents arrivés de l’étranger – d’Allemagne, d’Autriche… – pour identifier leurs proches (ndlr: parmi les morts) ou les rechercher parmi les personnes hospitalisées», a expliqué à l’AFP Mara Eliana Tunno. «Nous en avons aussi accompagné certains pour le dernier salut aux dépouilles, avec un moment de recueillement et de prière. Ça a été un moment très difficile», a-t-elle confié.

Devant le complexe sportif, des membres des familles des victimes racontent les derniers messages échangés avec leurs proches, qui avaient embarqué la semaine dernière à Izmir, en Turquie, à bord de ce bateau surchargé. Il a fait naufrage avec ses quelque 180 passagers lors d’une tempête juste avant d’atteindre la côte calabraise.

«Viens m’aider!»

Mohamed Djafari, un Afghan vivant en Allemagne, confie à l’AFPTV que sa cousine de 40 ans lui a téléphoné juste avant 4 heures du matin dimanche. «Elle m’a dit: «On est sur le point d’arriver, on voit la plage, on voit les lumières», se remémore-t-il. Elle l’a ensuite rappelé en disant: «S’il te plaît, Mohamed, viens m’aider, je ne sais pas quoi faire», poursuit-il. L’embarcation s’est brisée non loin du rivage, peut-être en heurtant un banc de sable, plongeant tous les passagers dans les eaux glacées de la mer en furie. La cousine de Mohamed Djafari est au nombre des survivants, tout comme son fils de 10 ans. Tous deux sont hospitalisés. Sa fille de 17 ans a en revanche perdu la vie, tandis que la cadette de 7 ans est encore portée disparue, précise Mohamed Djafari. «J’ai fait vingt-deux heures de route. Avec l’espoir que les enfants soient encore vivants», souffle-t-il.

Une quinzaine de mineurs figurent à ce stade parmi les victimes. Quelque 80 passagers ont survécu, originaires d’Afghanistan, du Pakistan, de Somalie et de Syrie, mais d’autres migrants sont encore portés disparus.

(AFP)