Tambacounda : L’histoire pathétique de Sina Keita à la recherche de sa maman

« J’ai été abandonnée à l’âge de 4 ans et depuis, je suis à la recherche de ma maman car je ne peux plus vivre sans elle »

Meurtrie, abattue, indignée, Sina Keita a usé de tous les mots pour retrouver sa maman et son papa qui l’ont abandonnée à l’âge de 4 ans. Au domicile d’Elhadji Ibrahima Camara où nous l’avons trouvée avec ses deux jumeaux, malgré ses bonnes conditions de vie, elle déclare n’en peut plus vivre sans sa maman Fatoumata Diallo, d’origine guinéenne vivant au Sénégal. Un récit poignant :

« Je m’appelle Sina Keita. J’ai 22 ans et je suis née au Mali précisément au village de Kontoroma à 18 Kilométres de Kita. C’est à l’âge de 2 ans que mon père malien Founéké Keita et ma maman Fatoumata Diallo, d’origine Guinéenne ont débarqué au Sénégal dans un quartier de Dakar que je ne connais plus. Seulement au bout de quatre ans, le petit frère de mon père m’a pris pour m’amener au Mali, précisément dans notre village de Kontoroma au Mali où je vivais avec ma grand-mère qui m’a élevée. Et à chaque fois, que je lui demandais où se trouvaient mes parents, elle me répondait qu’ils sont au Sénégal et devront rentrer sous peu. Je me mettais à pleurer et ma grand mère Dieynaba Soukho me trompait avec des bonbons. Je disais que j’étais abandonnée par ma maman et mon père. Un bon jour, j’ai quitté notre village pour aller à la recherche de ma maman car j’en peux plus vivre sans elle. Je suis trop faible et je pense trop comment faire pour la trouver. Ainsi, au courant de l’année dernière, je me suis retrouvée dans un village aurifère de Sambrambougou croyant que j’allais retrouver ma mère là bas. Après moult recherches sans suite, j’ai fini par me lancer dans le commerce de la vente de fruits avec le peu que j’ai gagné. Ainsi, j’ai fait la connaissance d’un Burkinabé répondant au nom de Mamady sans autre précision avec qui, j’ai entretenu une relation amoureuse. Il finit par m’engrosser avant de me laisser seule avec ma grossesse et retourner dans son pays natal. J’ai tellement souffert dans ce village que je ne savais plus où donner de la tête. C’est au courant du mois de décembre 2013 que j’ai commencé à sentir de vives douleurs au ventre. C’est ainsi que j’ai été secourue par de bonnes volontés qui m’ont conduites au district sanitaire de Kédougou. Comme mon état de santé se compliquait, j’ai été acheminée à l’hôpital de Tambacounda où j’ai accouchée le 28 décembre du même mois de jumeaux (une fille et un garçon). Au sortir de l’hôpital, j’ai été prise en charge par un généreux homme Elhadj Ibrahima Camara, technicien médical spécialisé en odontologie domicilié au quartier Plateau. Ce dernier m’a amené chez lui pour ensuite m’héberger à côté de sa famille qui s’occupe très bien de moi. D’ailleurs, il a même baptisé mes deux enfants en égorgeant un grand bélier. Je tiens à préciser que tout se passe très bien chez lui. Mes deux enfants et moi ne manquons de rien.

Mais, je suis toujours à la recherche de ma maman Fatoumata Diallo, d’origine guinéenne, vivant à Dakar et de mon père Founéké Keita. Je souffre et je suis complètement malade. La nuit, il m’arrive de rêver. Mes parents ont-ils divorcé ou sont-ils toujours en vie ? Quand j’étais toute petite, je ne savais rien de mon père et de ma mère. Au fait, ma mère est-elle rentrée en guinée ? Et depuis je ne sais rien d’elle. Je ne veux plus retourner au village du Mali ».


ELHADJ IBRAHIMA CAMARA, DENTISTE « J’ai peur pour Sina et ses deux enfants »

« Voilà une fille qui a enduré toutes les peines du monde uniquement pour aller à la recherche de ses parents qui l’ont abandonnés. Dieu merci, elle a échappé de justesse grâce aux bonnes volontés qui l’ont acheminées à Kédougou puis à Tambacounda où elle a accouché des jumeaux le 28 décembre dernier. Je l’ai prise en charge sans aucune condition et elle vit tranquillement chez moi en compagnie de ma famille qui s’occupe de ses enfants. Seulement, je crains pour son avenir car elle a l’habitude de me dire qu’elle n’en peut plus sans sa maman. Récemment, elle m’a même demandé de la laisser retourner à Sambrambougou. Ce que j’ai refusé compte tenu de tous les risques qu’elle encourt dans cette zone aurifère de la région de Kédougou où sa vie serait en danger avec ses enfants. De ce fait, je sollicite à travers vos colonnes les réactions de ses deux parents le plus rapidement possible.

Sa maman s’appelle Fatoumata Diallo, d’origine guinéenne et son père Founéké Keita, d’originaire Malienne vivant à Dakar ».

 

 

Ousseynou DIALLO / www.tambacounda.info /