Tambacounda : Discours du directeur de Caritas lors de la 2ème Assemblée Générale

La salle de réunion de la maison des œuvres catholiques de Tambacounda a permis à la délégation diocésaine de Caritas de Tambacounda d’organiser sa deuxième Assemblée Générale ce samedi 12 janvier 2013. Présidée par Gabriel Ndiaye, Gouverneur de la région de Tambacounda, cette rencontre est un moment privilégié de communion et de partage pour que les jalons soient réellement posés afin d’obtenir une véritable relance de la charité à la base. Tambacounda.info vous livre le discours du directeur de la Caritas, Abbé Bertin SAGNA lors de la 2e AG de Caritas.

Monsieur le Gouverneur de la région de Tambacounda ; Monseigneur Jean Noël DIOUF, Evêque de Tambacounda ; Monsieur le Représentant du Président du Conseil Régional ; Monsieur François KITAL, Représentant de Caritas Tamba au Conseil d’Administration de Caritas Sénégal ; Père François d’Assise, Aumônier de Caritas Tambacounda ; Messiers les aumôniers des Caritas paroissiales ; Monsieur Joseph DIEYE, Président du Comité Diocésain Caritas ; Abbé André TINE, Directeur des Œuvres ; Monsieur Bernard SECK, DIDEC ; Mme Fatoumata NDIAYE, Responsable de l’Agence Caurie à Tambacounda ; Révérends prêtres ; Révérendes sœurs ; Chers Délégués Caritas provenant des paroisses du diocèse de Tambacounda ; Chers Agents permanents de la Caritas ; Honorables invités,

A l’entame de mon propos, il me plait de vous souhaiter la bienvenue à cette deuxième Assemblée Générale de Caritas Tambacounda.
Monsieur le Gouverneur, au nom de la Délégation Diocésaine de Caritas Sénégal à Tambacounda, je voudrai vous signifier toute notre reconnaissance pour avoir spontanément accepté de venir présider notre assemblée de ce jour.
A vous Excellence Mgr Jean-Noël DIOUF, notre profonde gratitude pour votre disponibilité sans cesse renouvelée et l’intérêt particulier accordé à la Caritas, instrument de votre sollicitude pastorale.
Nous saluons la présence parmi nous de la Tutelle, i.e Caritas Sénégal ici représentée par le Chargé de Programmes, Mr Célestin SAMBA, Mr Babacar CISS, ancien Directeur National du Développement Communautaire et Volontaire à Caritas Sénégal et Mme Marie Paul BASSENE, Chargée de l’Accompagnement de proximité et du Renforcement Institutionnel à Caritas Sénégal.

Au seuil de la nouvelle année, permettez-moi de vous présenter mes vœux de santé et de paix pour une réussite dans le service de nos frères et sœurs vulnérables.

Période de Noël et de nouvelle année ! Occasion ne pouvait être plus belle pour renaître et mieux se remettre au service de nos concitoyens en difficulté ou dans le désespoir.

A présent, permettez-moi de vous conter cette petite histoire qui nous livre pleins d’enseignements : « On raconte qu’un roi convoqua ses savants pour leur demander d’écrire l’histoire de l’humanité. Ces savants travaillèrent durant une vingtaine d’années et, finalement, l’un des seuls survivants, très âgé, vint au palais avec un âne chargé d’une bibliothèque d’au moins quinze gros volumes. «C’est bien trop tard, lui dit le roi, je n’ai plus le temps, je suis aux portes de la mort et presque aveugle. Résume-moi donc en trois mots, avant que je meure, le fruit de vos recherches.» Et le savant de lui répondre: «Roi, l’homme souffre.»

Roi, l’homme souffre… L’homme souffre au sein d’une humanité bouleversée par toute sortes de maux : faim, guerre, exode, migration, pauvreté, inondation, sécheresse, insécurité alimentaire, boulimie du pouvoir, népotisme, corruption et que sais-je encore ? Et pourtant, c’est dans cette humanité-là que le Fils de Dieu est venu, portant cette souffrance pour offrir à l’homme paix et espérance. Mais aussi pour confier à ceux qui croiraient en lui une mission de compassion et de libération face à toute forme de fatalisme et de misère.

A la suite de son Maître, l’Eglise de Tambacounda, à l’image de toutes les autres Eglises, a été placée en permanence face à cette dure réalité: les femmes et les hommes de Tambacounda et de Kédougou souffrent. Ils souffrent car vivant dans des conditions précaires, dans le dénuement. Ils souffrent car ils n’ont pas accès à l’eau, à des soins de qualité. Ils souffrent car vivant dans l’ignorance, l’analphabétisme, la pauvreté…

Comme Caritas (permanence et comité Caritas s’entend), comment avons-nous répondu à cette réalité pendant ces 19 derniers mois et comment comptons-nous nous y prendre d’ici la prochaine assemblée générale ? Avons-nous été fidèles aux 06 œuvres de l’évangéliste St Mathieu, à savoir : « Nourrir l’affamé, abreuver l’assoiffé, accueillir l’étranger, vêtir les malheureux, soigner les malades, et visiter les prisonniers » ? C’est pour répondre à ces questions que nous sommes sans doute réunis ici ce matin.

La période qui sépare la dernière assemblée générale de celle-ci – 19 mois – est marquée par un certains nombres d’événements qui ne peuvent pas laisser indifférente une organisation comme la Caritas.

Au plan international, une crise financière affecte l’union européenne au point que de plus en plus certains pays parlent de sortir de la « zone euro ».

En Afrique, les chûtes de plusieurs pouvoirs notamment au Nord n’empêchent pas aux peuples de continuer à se battre dans les rues. Au Sud, la fin de l’Apartheid politique n’ayant pas signifié la fin de l’Apartheid social, le malaise aboutit à des grèves durement réprimées.

Entre le nord et le Sud, l’Afrique est en proie au fondamentalisme religieux avec ses conséquences éventuelles en termes de déplacement de populations.

Pour couronner le tout la Corne de l’Afrique a été durement éprouvée par la famine. En 2011, un déficit pluviométrique a nécessité des interventions d’urgence pour faire face aux faibles récoltes.

Le Sénégal et la zone géographique couverte par notre organisation, allant de Koumpentoum à Bakel et de Nguène à Salémata, n’ont pas été épargnés. Alors que l’on vient de finir des distributions de vivres pour soutenir les petits paysans et que l’on s’apprête à aider les victimes des inondations fluviales à Bakel, les criquets pèlerins font leur menace.

C’est pourquoi nous rendons grâce à Dieu de nous avoir donner l’occasion de nous retrouver pour une 2e assemblée générale après la 1ère du genre tenue le 04 juin 2011 ici même.

L’obligation du respect du principe de la reddition des comptes impose à celles et ceux qui ont mérité la confiance de leurs pairs d’apprécier ce qui a été fait.

L’assemblée générale est un droit et un devoir pour tous et plus particulièrement pour nous. Et l’exercice de la charité qui mobilise les ressources humaines, morales et matérielles des personnes et des communautés est encore plus exigeant en termes de bilan, de compte rendu et d’élaboration de perspectives.

En tenant cette 2e AG, membres du comité diocésain, vous allez faire une introspection et inviter les membres de la communauté chrétienne, de la communauté humaine à la réflexion mais avant tout à répondre à des questions.

Les intendants que sont les Caritas paroissiales et diocésaine ont-ils été fidèles, astucieux, audacieux et travailleurs

Gouvernements, ministres et techniciens de la Charité au niveau local des paroisses et central du diocèse qu’avez-vous fait depuis le 04 juin 2011 ?

La charité, au même titre que la foi et l’espérance doit devenir une pratique courante et surtout communautaire. Où en sommes-nous pour ce qui concerne le passage de gestes individuels de charité à des gestes organisés et collectifs de charité ?

Les communautés chrétiennes, celles humaines (j’allais dire) ont-elle une meilleure conscience que Caritas, c’est également ELLES-MEMES ?

Cette deuxième AG sera aussi l’occasion de partager les difficultés auxquelles vous avez été confrontés mais aussi d’envisager ensemble les solutions à y apporter, l’occasion de présenter humblement les réalisations de la Caritas, d’évaluer le chemin parcouru et d’esquisser les perspectives.

Des efforts ont été fournis. J’en suis conscient. Et vos rapports en rendront compte. C’est l’occasion pour moi de remercier ici et maintenant le Comité Diocésain Caritas, son Président ainsi que les membres du Bureau diocésain pour leur dévouement, les comités paroissiaux, les curés de paroisse, l’aumônier diocésain et les aumôniers paroissiaux, toutes les bonnes volontés qui œuvrent inlassablement dans l’ombre afin d’apporter (à chaque instant et chaque fois que de besoin) réconfort, sourire, paix et bonheur à leurs frères et sœurs en humanité. A vous tous, que la bénédiction du Dieu tout puissant vous soit accordée en abondance.

Le chemin du développement intégral de l’homme est un vaste chantier. La réalité du terrain, les contextes sans cesse fluctuants et changeants ainsi que les besoins toujours nouveaux, nous imposent d’en faire davantage et vite afin de satisfaire la demande sociale. C’est pourquoi j’invite le comité diocésain à prendre la pleine mesure des attentes placées en lui. Il s’agit là de tout un programme, à nous confié, pour pousser encore plus loin en termes de qualité et de quantité la restitution de l’exercice de la charité à la base.

Pour nous accompagner dans cette œuvre exaltante mais oh combien exigeante rappelons-nous toujours ces propos de St Paul.

« Quand je parlerai les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas la charité, je ne suis plus qu’airain qui sonne ou cymbale qui retentit »

« Quand j’aurai le don de prophétie et que je connaitrais tous les mystères et toute la science, quand j’aurais la plénitude de la Foi, une Foi à transporter les montagnes, si je n’ai pas la charité, je ne suis rien.» « (…) Maintenant donc demeurent foi, espérance, charité, (….)[], mais la plus grande d’entre elles, c’est la charité. »

Puisse le Dieu d’Amour nous inspirer les mots et les gestes de Charité capables de soulager les hommes et les femmes de notre Temps.

 

Tambacounda, le 12 janvier 2013