Politique monétaire : La zone CFA sans cesse en quête de financements, pendant que ses 16.000 milliards dorment en France

 

Environ 16.000 milliards de FCFA des économies de l’Union économique monétaire ouest-africaine (Uemoa) dorment dans les comptes du Trésor public français, a fait savoir Maguèye Guèye, ancien cadre de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD).

 

Cette somme astronomique est rémunérée à concurrence de seulement 0,15%, a déploré le non moins directeur du cabinet de consultance GMC, invité ce dimanche de l’émission « Remue ménage » de la Radio Futurs Médias (RFM).

 

D’après son co-débateur, Siré Sy, directeur du cabinet Africa World Wide, chaque fois qu’un pays de l’espace Uemoa gagne 100 FCFA, il est obligé, suivant les accords liant la zone monétaire à la France, de déposer, en guise de garantie, la moitié dans le compte du Trésor public de l’Hexagone. M. Sy ajoute que le pays de l’Uemoa ne dispose dès lors que des 50% autres pour ses dépenses.

 

Les invités pointent ce paradoxe des pays de l’Uemoa parcourant le monde à la quête de financements pour leurs investissements alors que leurs avoirs sont gelés en France où ils servent beaucoup à l’économie de l’ex-puissance coloniale.

 

Pour MM. Guèye et Sy, il y a nécessité pour l’Uemoa de revoir les termes de cet accord avec la France, de sorte à avoir la maîtrise de sa monnaie gage de sa souveraineté économique.

 

Toutefois, les deux préviennent que la question du FCFA arrimé à l’Euro via le garant français est délicate. Evoquer la nécessité de sa remise en cause serait même dangereuse : « C’est une question de vie ou de mort », avise Siré Sy, notant que les chefs d’Etat africain de l’Espace CFA, voire les intellectuels qui s’y sont essayés ont eu des difficultés.