Le Canada confronté à la menace islamiste

 

Le Canada a soudainement pris conscience que l’extrémisme islamiste pouvait le frapper directement. Le pays a été confronté à deux attaques en trois jours contre des militaires et le Parlement fédéral, menées par des tireurs aux idées proches des djihadistes .

Les habitants d’Ottawa tentaient ce jeudi 23 octobre de reprendre une vie normale en dépit d’une forte présence policière au lendemain du drame qui s’est joué la veille en plein centre. Les drapeaux ont été mis en berne comme dans beaucoup de villes canadiennes.

Le Parlement a repris ses travaux en rendant un vibrant hommage à l’officier de sécurité qui a abattu le tueur mercredi, avant d’observer une minute de silence et d’entonner l’hymne national.

Nervosité

La nervosité était néanmoins palpable. Au moment où le Premier ministre Stephen Harper montait dans une voiture pour se rendre au Parlement après s’être recueilli au monument aux morts, la police a mis en joue et maîtrisé un individu qui se trouvait à quelques mètres du chef du gouvernement canadien.

Députés et sénateurs ont défilé devant le monument aux morts, en mémoire du soldat Nathan Cirillo, 24 ans, tombé mercredi sous les balles d’un tueur qui venait de fêter ses 32 ans.

Motivations peu claires

En trois jours, deux jeunes tueurs ont agi seuls. Lundi, un jeune homme a écrasé avec sa voiture un militaire sur un parking avant d’être abattu par la police. Mercredi, un individu armé d’un fusil a tiré sur un soldat en faction devant le monument aux morts d’Ottawa avant de se rendre au Parlement où des coups de feu ont retenti.

La mort des deux militaires pose beaucoup de questions sur les motivations, encore mal cernées, des assaillants. Les deux avaient épousé les thèses djihadistes et étaient sur la liste des 90 individus classés à risque par les services de renseignement. Tous deux avaient été privés de leur passeport pour éviter de rejoindre les combattants djihadistes au Moyen-Orient.

L’agresseur du Parlement a une personnalité plus proche du délinquant que du véritable djihadiste, . Ce jeune Québécois, qui venait de fêter ses 32 ans, a eu des démêlés avec la justice, sans verser toutefois dans le grand banditisme.

Les bribes de portrait donnés par les médias locaux décrivent un jeune perdu, sans racines familiales solides, et qui se rapproche à un certain moment de la religion.

Le Canada engagé en Irak

L’imam Sikander Hasni, de l’association musulmane Kanata, et responsable de la mosquée d’Ottawa, a condamné jeudi ces attaques en reconnaissant avoir «un rôle à jouer» dès lors qu’«il s’agit de personnes qui épousent des pensées violentes et surtout versent dans la radicalisation violente».

Ces attaques se déroulent au moment où le Canada s’est engagé dans la lutte anti-jihadiste en Irak aux côtés des forces de la coalition internationale. Des avions de chasse se sont envolés jeudi d’une base du Québec pour rejoindre une base canadienne au Koweït.

La détermination du gouvernement canadien reste entière. La lutte contre le terrorisme va «redoubler», a promis Stephen Harper dans un discours à la nation. «Le Canada n’est pas à l’abri de ce genre d’attaques terroristes», a-t-il prévenu.

Présence d’une classe de Fribourgeois

Chef d’Etat en titre du Canada, la reine Elizabeth II a transmis ses «pensées» aux proches des victimes des attaques. «Le prince Philip et moi avons été choqués et attristés par les événements». Le président de la Confédération Didier Burkhalter a envoyé une lettre de condoléances au Premier ministre canadien Stefen Harper.

Le conseiller fédéral, au titre de chef du Département fédéral des Affaires étrangères (DFAE), a par ailleurs contacté l’ambassade de Suisse au Canada afin notamment de clarifier si des Suisses avaient été touchés par les tirs de mercredi.

Une classe d’élèves de Bulle (FR) se trouvait dans le bâtiment du Parlement canadien au moment des faits. Les élèves et leurs accompagnateurs «sont en bonne santé et reviendront en Suisse aussi rapidement que possible», a indiqué le DFAE.

(ats/Newsnet)