CRISE EN UKRAINE: Paris reporte la livraison du Mistral à la Russie

La France a annoncé ce mardi 25 novembre qu’elle reportait «jusqu’à nouvel ordre» la livraison d’un premier porte-hélicoptères Mistral à la Russie en raison de la dégradation de la situation dans l’Est de l’Ukraine.

Une décision qui n’a dans l’immédiat pas provoqué de crise avec Moscou. Sur le terrain, les séparatistes réclament l’envoi de Casques bleus, notamment russes.

«Le président de la République considère que la situation actuelle ne permet toujours pas la livraison du premier BPC (bâtiment de projection et de commandement) à la Russie» lit-on dans un communiqué de la présidence française. Décision a donc été prise de «surseoir jusqu’à nouvel ordre» à l’examen de la demande d’autorisation nécessaire.

«Nous sommes pour le respect des contrats signés, mais la France doit aussi tenir compte des circonstances exceptionnelles liées à la dégradation de la situation en Ukraine», ajoute le communiqué.

En Russie, le vice-ministre de la Défense Iouri Borissov a déclaré que son pays ne lancerait pas de procédure contre la France à la suite de ce report. Mais il espère toujours que le contrat sera honoré.

Paris sous pression

Sous la pression de ses partenaires, notamment américains, hostiles à la livraison des deux BPC en pleine crise ukrainienne dans laquelle le rôle de Moscou a été dénoncé par les Occidentaux, François Hollande avait annoncé le 3 septembre que les conditions n’étaient pas réunies pour livrer le premier navire.

Le 16 octobre, il avait déclaré que le respect du cessez-le-feu en Ukraine restait l’une des conditions pour que la France accepte de livrer les Mistral.

Trêve pas respectée

Mais d’après l’armée ukrainienne, 150 soldats ont trouvé la mort depuis l’entrée en vigueur de ce cessez-le-feu le 5 septembre dernier, prévu par le protocole de Minsk signé par l’Ukraine, la Russie et les séparatistes de l’Est sous les auspices de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Les deux camps s’accusent mutuellement de ne pas respecter la trêve.

Depuis le début du conflit séparatiste dans l’est de l’Ukraine en avril, les affrontements ont fait plus de 4300 morts, selon un bilan fourni la semaine dernière par le Haut Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU.

Paris pourrait devoir dédommager Moscou

Le premier BPC, le Vladivostok, devait initialement être livré en octobre. Quatre cent marins russes ont été formés depuis le 30 juin à sa manœuvre dans le port de Saint-Nazaire.

Selon le vice-Premier ministre russe, le deuxième porte-hélicoptère commandé, le Sébastopol, dont la livraison est prévue pour la fin 2015, devait être mis à l’eau à la mi-novembre.

Un refus de livrer les deux navires Mistral commandés par la Russie, dont la vente représente un montant d’1,2 milliard d’euros (1,4 milliard de francs), pourrait obliger la France à dédommager Moscou au-delà d’une date-butoir pour l’instant tenue secrète.

Les séparatistes demandent des Casques bleus

Sur le terrain, les autorités séparatistes pro-russes de l’Est de l’Ukraine ont demandé à l’ONU l’envoi de Casques bleus, notamment russes, dans cette zone. Cela alors que Kiev a à nouveau accusé mardi Moscou d’envoyer du matériel aux séparatistes qui combattent l’armée régulière, en l’occurrence cinq convois d’équipements lourds.

Dans un communiqué, le «parlement» de la République autoproclamée de Donetsk, bastion rebelle dans l’Est, exige une réunion extraordinaire du Conseil de sécurité de l’ONU sur cet envoi de Casques bleus.

«Nous appelons la communauté internationale et la Fédération russe à arrêter la catastrophe humanitaire et le génocide social déclenchés par les actes du gouvernement ukrainien», poursuit le texte.

Services publics fermés

Kiev a ordonné mi-novembre la fermeture de tous les services publics dans les régions sous contrôle des séparatistes. Cette mesure s’applique notamment aux écoles, aux hôpitaux et aux secours.

Confrontées à une grave crise économique, les autorités ukrainiennes ont aussi déjà annoncé la fin prochaine du versement des allocations sociales pour l’Est. Cette mesure oblige dans la pratique les habitants désireux d’en bénéficier à quitter les territoires aux mains des séparatistes. Kiev a aussi imposé un contrôle des passeports systématique.

(ats/Newsnet)