Proche-Orient: Le Japon craint le pire pour ses deux otages

 

«Il n’y a pas eu de message» depuis qu’est passée l’heure fatidique.» C’est par ces mots chargés d’angoisse que le porte-parole du gouvernement japonais, Yoshihide Suga, a commenté vendredi matin le black-out total régnant sur le sort des deux otages nippons aux mains du groupe Etat islamique (EI, Daech en arabe), après l’expiration de l’ultimatum fixé par les ravisseurs, à 14 h 50 à Tokyo.

Dans une vidéo mise en ligne mardi – montrant les deux otages agenouillés dans le sable sous la menace d’un homme vêtu de noir et armé d’un couteau – Daech exigeait une rançon de 200 millions de dollars pour épargner Kenji Goto (47 ans) et Haruna Yukawa (42 ans).

Ce dernier, qui assure effectuer des missions de sécurité, avait été enlevé et maltraité en Syrie par des islamistes en août dernier, selon une vidéo postée sur internet. Quant à Kenji Goto, un journaliste indépendant, il était à la tête de sa propre société qui fournissait des reportages sur le Moyen-Orient aux chaînes de télévision nippones. Il était aussi actif pour soutenir les enfants dans les territoires en guerre. Entré dans la zone contrôlée par Daech fin octobre, Goto n’a plus donné de nouvelles depuis.

Vendredi matin, lors d’une conférence de presse à Tokyo, sa mère a répété à l’adresse de ses ravisseurs que «Kenji n’est pas un ennemi de l’islam».

Manque d’argent
Quel que soit le sort des deux otages, le fait que Daech ait ouvertement demandé une rançon pour leur épargner la vie est une première. D’un montant considérable, elle tendrait à prouver, selon certains analystes, que le groupe Etat islamique se trouve dans une situation financière délicate.

Il faut dire qu’après des mois de bombardements aériens de la coalition internationale menée par les Etats-Unis, il semble que les installations pétrolières d’Irak et de Syrie sous contrôle de Daech ont subi de gros dégâts.

Du coup, la principale source de revenus de l’EI qu’était le pétrole vendu en contrebande se serait tarie, forçant les islamistes à revenir à leur ancienne méthode de financement: la rançon en échange de captifs étrangers.

Car Daech le sait très bien, Anglo-saxons mis à part, la plupart des Etats sont prêts à payer pour récupérer leurs ressortissants. Même si officiellement ils nieront en bloc.

(24 heures)