Kédougou: Félicité par le Général De Gaule, Saloum SADIAKHOU cherche un promoteur pour ses derniers mémoires.

 

 

Un octogénaire à la retraite. Il s’agit de Saloum Sadiakhou, originaire de la communauté rurale de Bandafassy, plus précisément dans le village Baraboye situé   à une quarantaine de kilomètres de la commune de Kédougou. Un ancien enseignant émérite et autodidacte qui a fait valoir ses droits à la retraite depuis plusieurs années. Cet autodidacte qui a écrit plusieurs poèmes, est né en 1933. Après de loyaux services rendus à l’éducation nationale du Sénégal, il cherche en vain un producteur pour pérenniser  ses œuvres au profit  de la jeune génération enseignante.

Du haut de ses 1,50m, avec une corpulence bien tenante, M. Sadiakhou est polygame de son Etat. Il est issu d’une famille de tradition Malinké. Un bonnet sur la tête meuve, les cheveux blanchis par les âges apparaissaient des côtés.  Il a comme slogan « le travail bien fait ». Cela se justifie par son attachement à ses jardins arborant le long du fleuve Gambie, qui, après une longue journée de dur labeur s’asseyait tranquillement sous les arbres pour cogiter. Comme tout écrivain, il est amoureux de la nature qui selon lui «(l’)aide à s’inspirer ».

Assis sur une chaise en plastique, la pipe à la main, il respirait tranquillement l’air frais venant des manguiers qui font le décor de la cour de son domicile. C’est un amoureux de la lecture et passionné d’écriture. Son handicap (un non voyant) ne l’empêche guère de se lancer dans ses envolées lyriques. Sous l’ombre fraiche de ses manguiers géants, il discutait paisiblement avec sa famille particulièrement sa femme qui s’affairait autour de la préparation du repas du jour.  C’est du « mafé », son plat préféré. Habillé à la française, son visage est illuminé par son doux sourire et son air joyeux. Octogénaire,  les rides s’affichaient tout au long de son visage.

Le parcours de ce dernier est une véritable épopée devant être contée  pour les jeunes générations de Kédougou et du Sénégal d’une manière générale comme référence. En effet, à l’en croire il avait nourri son ambition de devenir écrivain à l’époque où il a voulu devenir enseignant. « Après la fonction de l’administrateur européen, l’enseignement était la vocation la mieux en vue à l’époque coloniale ». Narre-t-il. Cependant, Après un brillant parcours au primaire plus précisément à l’école régionale, actuel emplacement du marché central de Kédougou, monsieur Saloum Sadiakhou obtient son certificat de fin d’études élémentaires (CFEE)  en 1948.

Il faut dire qu’à cette époque lointaine, le département ne disposait pas de collège d’enseignement moyen. Il fut obligé de voyager pour continuer ses études. Adopté par un médecin du nom de Colluviac, ancien maire de Khombole. Ce dernier, lui proposa de suivre les séries scientifiques pour être médecin. C’était sans compter la conviction de notre interlocuteur de devenir un illustre enseignant.  Cette passion et l’amour infini qu’il nourrissait pour l’enseignement, finirent par porter ses fruits. Il exerça, ce métier jusqu’à la retraite.

Retour sur une enfance mouvementée

Tout est parti du concours de l’école normale qu’il tenta à 12 ans.  Jugé très jeune  par rapport  à l’âge requis, il a été obligé à « majorer son âge pour avoir 15 ans ». Autorisé à faire le concours, il explique que « c’est la fatalité qui a raison  ». Une fois après son admission audit concours, les parents devaient consentir des dépenses pour ses frais internes. Hélas, cela coïncide à un moment où tout commence à sombrer au tour de lui. En cause, les conditions difficiles de vie, le décès de son père alors qu’il vivait avec « sa pauvre maman ». Cette dernière était une ménagère. Des conditions de vie précaires ne favorisant pas la continuité de ses études, Saloum fut tenté d’abandonner, de tout laisser pour venir épauler sa maman dans les travaux domestiques.

C’est par la suite qu’il rencontra un responsable de l’administration française  du nom de Boubacar Diop. « Séduit par mes prouesses, il décida de m’adopter pour que je puisse continuer mes études ». explique-t-il. Affecté à Thiès, Boubacar Diop amena avec lui Saloum qui, par la suite va briguer des postes de responsabilités comme président d’une association socioculturelle et sportive. Il était en même temps gérant de la bibliothèque au camp tropical. « Ces choses ont valu la confiance Delille en moi ». raconte-t-il.

Cette marque de confiance « m’a permis de travailler avec lui dans son bureau où une petite place m’a été réservée ». Après la découverte d’un débat de Jules Romain, un normalien d’alors, notre interlocuteur dixit « la passion de l’écriture s’est éveillée en moi ». A l’image des écrivains comme Jean Jacques Rousseau, Hugo et tant d’autres, il avait comme ambition de devenir un écrivain qui aurait marqué son temps. Tant de lettres de félicitations du Général De gaule, président de la République de France d’alors, mais jusqu’à présent sa passion reste inachevée. Il est à la recherche effrénée de producteurs pour « partager son savoir dans un ouvrage qu’il voudrait léguer à la jeune génération».

Un patriarche qui veut laisser ses écrits sur les langues de la postérité

Dans un souci de léguer son testament à la jeune génération, le patriarche assis sur sa chaise et méditant tel un philosophe, demande aide à toutes les bonnes volontés de l’aider à publier ses écrits. Ces ouvrages qui, sans nul doute serviront de repères pour la nouvelle génération. « Des mains fiancées » est l’un des poèmes qui lui ont valu la reconnaissance des écrivains français. « C’est au regret et avec désespoir qu’un poète passionné voit ses œuvres s’envoler » se désole t-il. La vieillesse constitue pour lui « son handicap ». Il a eu à écrire six mille (6000) vers constitués en recueils de poème. De ces recueils, on peut y citer encore « Les hymnes d’Afrique et aussi la chanson sur la rive du fleuve ».Ces œuvres qui devraient faire la fierté des écrivains noirs, sénégalais particulièrement, notamment les fils de Kédougou risquent d’être méconnus par les populations. La direction du livre, l’organisation internationale de la francophonie, le ministère de la culture et du patrimoine, la direction du livre entre autres partenaires de la langue française doivent faire un effort pour aider à la publication de ces écrits au grand bénéfice des populations.

La promesse du ministre de la culture fait naitre un nouvel espoir

Mais avec la visite du ministre de la culture et du patrimoine à Kédougou, l’espoir naquit en l’écrivain autodidacte  qui verra certainement un jour ses œuvres publiées. Visiblement très satisfait de cette visite d’Abdoul Aziz Mbaye à son domicile familial, le vieil homme « garde confiance » car « le ministre de la culture et du patrimoine m’a promis soutien pour voir mes vieux rêves se réaliser ».

Un autodidacte de sa dimension devait faire de nos jours, l’objet de convoitise de la part des producteurs. Mais hélas, l’homme est laissé à lui-même sans aide.

Cependant, un vent d’espoir est entrain de souffler car la promesse du ministre n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd. Osons espérer que cet appui annoncé de la part des pouvoirs publics ne soit terminé en eau de boudin. Pour ne pas dire, une promesse qui ne se réalisera jamais. En tout cas, si tel est le cas, cette situation n’encouragerait guère la jeune génération à embrasser le métier d’écrivains.

Abdoulaye BARRO / sudestinfo.com /