Les problèmes de santé liés à la sexualité des ados tambacoundois sont la préoccupation du CCA

madou

12’802 ados tambacoundois ont bénéficié d’une écoute et d’une prise en charge au Centre Conseil Ados de Tambacounda en 2006. M. Madou Cissé, coordinateur du CCA, répond à nos questions sur l’activité spécifique de ce centre.


Quel est votre parcours et quelles circonstances vous ont amené à collaborer au Centre Conseils Ado de Tambacounda?

Je suis maître d’éducation populaire, titulaire du CAMEP, 1ère et 2e parties, sorti du CNEPS de St-Louis en juin 1989 après une formation de 3 ans. Le premier poste où j’ai été affecté a été le CDEPS de Kolda, de novembre 1989 à septembre 1996. J’y ai occupé les fonctions de secrétaire de l’UASSU, comptable des matières et responsable de bureau d’éducation populaire (tutelle des associations, responsable du théâtre populaire, etc). De 1996 à 2001, j’ai été chef du BIDAFP (Bureau de l’information, de la documentation et d’aide à la formation professionnelle). J’ai suivi des formations en MARP, en planification stratégique, en gestion de projets de développement et en communication entre 1998 et 2000 avec le CECI (Centre d’Etude et de Coopération Internationale du Canada). Je ne suis pas collaborateur au centre conseil, mais agent du Ministère de la jeunesse qui doit relever les centres conseil à travers le projet promotion des jeunes (PPJ). Je suis au centre conseil depuis avril 2001, date à laquelle j’y ai été affecté d’abord comme technicien en information, éducation et communication (IEC), puis en janvier 2003 en tant que coordinateur du centre.

Quels sont les missions de ce centre et les stratégies adoptées pour les remplir?

Le centre a pour mission de faire la promotion de la santé de la reproduction des adolescents, autrement dit :
•    aider les adolescentEs à identifier les problèmes liés à leur santé reproductive
•    promouvoir chez les adolescentEs des comportements responsables en matière de sexualité.
Les stratégies mises en œuvre pour remplir la mission sont la prévention et la prise en charge  :
•    des grossesses précoces et/ou non désirées,
•    des violences et sévices sexuels,
•    des avortements provoqués,
•    des IST /SIDA,
•    des mutilations génitales féminines
mais aussi de proposer :
•    le dépistage volontaire anonyme et gratuit,
•    la consultation médicale,
•    IEC, des actions de communication, de sensibilisation et de mobilisation sociale

Combien de collaborateurs y travaillent ?

Le centre a un personnel composé d’un coordonnateur, d’un assistant social, d’une technicienne de laboratoire pour le dépistage du VIH /SIDA et de dix pairs éducateurs pour les activités de promotion.

Quels sont les moyens financiers et matériels à votre disposition ?

Les moyens matériels : sonorisation, téléviseurs, vidéocassette, chaises, bâches, ordinateurs, réfrigérateurs, groupe électrogène, mobiliers de bureau, chaises, fauteuils, bureau, armoires en bois. Logistiques : une voiture en mauvais état. Financiers : le centre fonctionne avec l’appui financiers des partenaires du PPJ, l’UNFPA, la JICA et l’USAID (NB : le 5ème programme d’appui au gouvernement a pris fin le 31 décembre 2006)

Quels sont vos partenaires locaux, nationaux et internationaux et quel type de soutien attendez-vous d’eux ?

Au niveau local : la Région médicale, le district sanitaire, les ASC, les OCB les ONG La Lumière et TOSTAN. Au niveau national : les partenaires du centre sont ceux du PPJ dont relèvent tous les centres conseils adolescents ; ces partenaires sont du Ministère de la santé et de tous les autres ministères à cause du caractère de transversalité de la cible jeune. Quant aux partenaires internationaux, on peut citer l’UNFPA, l’USAID, la JICA, les bailleurs qui accompagnent l’Etat du Sénégal dans l’application de la politique de promotion socio sanitaire de jeunesse.

Quels sont les domaines dans lesquels le centre donne des conseils aux ados ?

Je veux simplement préciser que le centre conseil ne donne pas de conseils mais aide les adolescents à la prévention et à la prise en charge des IST / SIDA, de grossesses précoces et/ou non désirées, des violences et sévices sexuels, des mutilations génitales féminines, des avortements provoqués et de la toxicomanie. Nous aidons également les adolescents à identifier les problèmes liés à leur santé reproductive, leur proposons des solutions en leur permettant de faire un choix pour ensuite les accompagner dans l’application de ce choix dans le but d’un changement de comportement chez eux. Tout le personnel est formé au « conseling », une technique de communication interpersonnelle mieux adaptée à la demande des adolescent.

Combien d’ados se présentent chaque jour au centre pour des conseils ?

La fréquentation journalière du centre se situe entre 30 et 35 ados. Par exemple, le centre a enregistré pour l’année 2006 12’802 visites, dont 8’080 pour l’assistant social et le technicien en IEC, 1’988 pour la sage-femme et 2’734 personnes dépistées (NB : cette situation a été arrêtée au 05 /12/2006).

Quels sont les problèmes pour lesquels les ados font appel à vous le plus souvent ?

•    les informations et le traitement des IST,
•    les informations sur les grossesses précoces,
•    les informations sur les IST/SIDA
•    les informations sur les mariages précoces et les mutilations génitales féminines
•    le dépistage du VIH /SIDA
•    des problèmes sociaux et scolaires
•    des problèmes de santé en général

Quelles mesures d’accompagnement leur proposez-vous pour régler leur problème ?

Nous n’avons pas de mesures d’accompagnement à leur proposer, nous faisons des entretiens qui aboutissent à des prises en charge au centre même ou, le cas échéant, nous procédons à des références.

Comment l’action du centre est-elle perçue par la population et en particulier par les familles des ados ?

L’action du centre est très bien perçue pas les populations et j’en veux pour preuve le taux de fréquentation des populations qui est très élevé. Ce sont d’ailleurs elles-mêmes qui plaident peur l’équipement  du centre en matériel audio-visuel, médical, informatique et en mobilier de bureau. Quant aux parents des ados, ils apprécient très bien l’action du centre, en particulier, les volets « prise en charge médicale » et « sage-femme ».

Avez-vous des appuis suffisants des autorités locales, si oui sous quelle forme et sinon quelles sont vos doléances ?

Les seuls appuis reçus par le centre viennent de la région médicale et du district sanitaire de Tambacouda. Ces appuis sont à la fois techniques, matériels et logistiques et nous apprécions ces appuis à leur juste valeur, d’autant plus que cela nous a permis d’atteindre tous les indicateurs de résultats que la direction du projet nous a fixés pour 2006. Nous demandons des appuis mais pas sous forme de doléances. En effet, la santé étant une compétence transférée aux collectivités locales, nous souhaiterions que la Mairie prenne en compte nos préoccupations, d’autant plus qu’elle a la charge de veiller sur l’épanouissement de ces ados. Nous voulons aujourd’hui qu’elle cesse de tout concentrer sur les sportifs uniquement.

Quelle est l’urgence qui doit être prise en compte et traitée par les autorités pour améliorer la situation sociale, économique et la santé des ados à court terme?
•    l’équipement du centre
•    une allocation de budget de fonctionnement
•    la prise en charge du gardiennage
•    la dotation en médicaments
•    la logistique (réparation du véhicule en panne)

Avez-vous le sentiment que la jeunesse tambacoundoise a été prise en considération par le gouvernement depuis l’alternance ?
Si oui : comment ?
Si non : la situation s’est-elle dégradée depuis l’alternance et comment ?

Je ne peux me prononcer que dans le domaine où j’exerce : la promotion de la SRA. Sur ce plan, la jeunesse tambacoundoise a été très bien prise en compte par le gouvernement de l’alternance car c’est sous l’ère de l’alternance que ces centres conseil ados ont connu un rayonnement.

Propos recueillis par tambacounda.info