Un imam cultive son paradis au bord du Mamacounda

Par Enna / Tambacounda.info /

uneMamdou Leye, 43 ans, est un digne fils de Tamba qui a repris le flambeau que son défunt père lui a laissé depuis 1986. Tenez-vous bien, ce flambeau se trouve au cœur du Mamacounda. Rencontre avec un fils d’imam devenu imam au quartier Pont après le décès de son père mais qui compte sur la sueur de son front pour se nourrir lui et sa famille.

Dans le cadre d’une visite du Mamacounda suite à des plaintes des populations riveraines qui n’en peuvent plus des déchets envahissant leur arrière cour faute de solution de la municipalité pour évacuer ce dépotoir, l’équipe de tambacounda.info a fait une belle rencontre.

A environ 300 m de l’ancien cinéma Pont, dans le faro, à proximité des rails, nous remarquons un mouvement d’aller et retour de femmes et d’homme vers une clôture. Nous apercevons juste derrière une grande et belle verdure rare en cette période dans le Mamacounda. En approchant, nous découvrons un beau jardin potager. Au milieu du jardin un puits est en train d’être vidé de ce qui l’encombre par deux hommes pour faire place à l’eau. A l’intérieur du puits un puisatier qui entonne de temps en temps « Tire la corde !»… Dehors, un homme tient la corde accrochée à la poulie et attend l’ordre de tirer cette masse de boue, cailloux et autres déchets. Malgré la chaleur et la fatigue qui font couler de la sueur sur le visage de notre interlocuteur, il nous accueille avec un grand sourire nous invitant à visiter son coin de paradis terrestre dont on voit qu’il tire quelque fierté légitime. Cette homme-là, c’est Mamadou Lèye, imam de la mosquée du quartier Pont. Il demande à son puisatier, de patienter quelques minutes au fond, afin qu’il puisse nous accorder un peu de son temps. « Je travaille dans ce jardin depuis mon très jeune âge avec mon défunt père. Quand-il a été rappelé à Dieu en 1986, j’ai pris les commandes des deux jardins ».

Notre imam est aussi créateur d’emplois, car il a à ce jour deux employés fixes et deux suppléants qui viennent en renfort à la haute saison. Une vingtaine de femmes viennent prendre de la salade et des légumes dans son jardin pour les revendre au marché. Cela leur permet d’avoir des rentrées financières pour rembourser notre jardinier et faire des économies. A la question de savoir pourquoi on ne voit pas plus de fils de Tambacounda comme lui travailler la terre et pourquoi ils préfèrent les bureaux ou les pirogues de fortune, il rétorque : « Vous savez, on peut avoir un bon métier dans un bureau et être propriétaire d‘un jardin qu’on peut confier à une personne de confiance qualifiée. Cela peut créer non seulement des revenus, mais aussi des emplois ». Il poursuit : « Ce métier est fatiguant, mais je l’aime. Je gagne excellemment bien ma vie. Grâce à mes deux jardins, je nourris ma famille, les soigne, et j’arrive à régler mes problèmes quotidiens. Beaucoup de familles viennent s’approvisionner directement dans le jardin, pour la qualité des légumes et de l’accueil que je leur réserve ». Dans le jardin de l’imam Léye, on trouve de la salade verte, des aubergines, de la tomate, des piments, des papayes, des mangues, de la jujube. Son véritable problème reste les semences et l’accès à l’eau surtout vers le mois de mars. C’est la raison pour la quelle il lance un appel aux bonnes volontés pour trouver des motopompes et des semences.

En contemplant toute cette beauté verdoyante, on se met à rêver d’un Mamacounda nourricier respecté et cultivé par d’autres Tambacoundois faisant œuvre utile tout comme Mamadou Lèye. Une entreprise comme celle-là vaut tous les plans REVA de l’Etat qui ferait bien d’être attentifs à ces braves jardiniers et à leur apporter renfort.

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