COMMUNIQUE de Yoonu Askan Wi

1. La situation économique et sociale nationale : elle reste marquée par des difficultés structurelles, entrainant un réchauffement des fronts de lutte : agents de l’ENA injustement licenciés, travailleurs du secteur de la sécurité et du gardiennage revendiquant toujours une convention collective spécifique, travailleurs de la SONATEL opposés au projet d’externalisation des activités de l’entreprise et de cession de ses infrastructures à des privés, paysans légitimement inquiets face aux dysfonctionnements pas totalement levés de la présente campagne de commercialisation agricole.

S’y ajoutent les protestations véhémentes des étudiants devant l’augmentation des frais d’inscription, les grèves de faim multiples au nom de l’emploi et de la dignité humaine, les récriminations et grèves des enseignants ou autres agents de l’Etat suite aux couacs notés dans la conduite de l’audit des personnels de la fonction publique (audit pourtant nécessaire tout comme d’ailleurs l’exigence de normalisation et d’équité dans la détermination de l’échelle des salaires et indemnités), sans oublier le durcissement de la coalition des centrales syndicales (CNTS, CNTS-FC, CSA, UDTS, UNSAS), ni les marches récurrentes contre la spoliation foncière en ville comme en campagne, etc.

Dans plusieurs de ces cas, les ratés de la communication gouvernementale ou les maladresses des autorités dans le pilotage des dossiers, contribuent bien souvent à exacerber inutilement et à enliser les conflits. De l’avis de Yoonu Askan Wi, l’enjeu stratégique de la réforme du système éducatif, en lieu et place d’une approche sectorielle, à la surface et par à coups, requiert un traitement global, en profondeur et sur la durée, une approche réellement de rupture, démocratique et inclusive. De même, sans vouloir ôter le pain de la bouche des petits propriétaires- souvent des retraités ou des travailleurs émigrés, il convient de saluer la décision du Président de la République, votée à l’unanimité par l’Assemblée nationale, de faire baisser les prix du loyer ; il reste impératif toutefois de régler les mesures d’accompagnement nécessaires et surtout d’accroitre fortement l’offre de logements à travers la SNHLM, la SICAP, l’appui conséquent aux coopératives d’habitat avec le concours de la BHS, tout en œuvrant à faire baisser les coûts de construction (terrains viabilisés, matériaux et autres intrants, crédit immobilier, etc.): 4 000 logements par an, c’est trop peu, si l’on sait qu’à Dakar, près de 51% des chefs de ménage sont des locataires (chiffres ANSD- 2010).

2. Au plan politique et institutionnel, les interventions voire injonctions de chefs religieux ou dirigeants d’associations de défense des droits humains en faveur de personnalités mises en accusation, ou demandant la libération de Karim Wade et autres voleurs présumés de la République, sont sources de dérapages préjudiciables à la bonne marche d’une République qui se respecte. Il est même regrettable voire incompréhensible que WADE père, le parrain en chef, le ‘’distributeur automatique de milliards’’ et le donneur d’ordres, continue à se livrer impunément à ses numéros favoris de haute voltige entre Versailles, Abidjan et Dubaï, exhibant ses milliards, ses entreprises, ses comptes bancaires obscurs et ses louches complicités ! Sous son magistère, entre 2007 et 2011, la corruption a fait perdre à notre pays plus de 300 milliards de Francs, selon l’USAID/Dakar, citant une étude du Professeur Abdoulaye SECK. Sur le même registre, ne sont elles pas ahurissantes ces révélations sur l’enrichissement sans cause et sans sueur de cette ‘’diriyanke’’ qui aurait planqué dans une banque de la place plus de 47 milliards de nos francs en CFA, dollars, euros, or et diamant ? Xaalis am na ci rèèw mi, wàaye da fa fééte boor ! A la Justice donc de faire son travail jusqu’au bout, dans l’indépendance, l’équité et la vérité, sans marchandage ni ‘’baara yëggoo’’ sur le dos du peuple. Sous cet éclairage, la réforme des institutions préconisée par les Assises nationales du Sénégal accuse un retard qui laisse perplexe, et interpelle au premier chef le Président SALL lui-même. Il en va en effet du respect des principes républicains de laïcité et d’indépendance de la justice, garantis par la Constitution de notre pays ; il en va aussi de la qualité et de la clarté des rapports entre l’Exécutif et le Législatif, entre le Président de la République et le Premier Ministre- objet par les temps qui courent de toutes sortes de supputations. Il en va aussi de la préservation de l’unité, de la stabilité et de la cohésion nationales, ces biens si précieux pour le peuple sénégalais tout entier, dans la diversité de ses composantes.

3. Plan Sénégal Emergent ou Plan Sénégal Indépendant : Yoonu Askan Wi est partie prenante à part entière de la majorité populaire et citoyenne actrice du 23 juin et du 25 mars. Au sein de cette majorité, nous sommes ensemble, mais nous ne sommes pas les mêmes, nous l’assumons en toute loyauté et en pleine conscience, conformément au principe dialectique unité- lutte- transformation. Notre projet autonome n’est donc pas le ‘’Plan Sénégal Emergent’’, ni les différentes variantes des schémas de croissance préconisés par les ‘’bailleurs de fonds’’’, mais plutôt le  « Plan Sénégal Indépendant pour la prospérité partagée », fondé sur la souveraineté nationale et populaire, le panafricanisme socialiste, la démocratie inclusive, le développement endogène et durable, le patriotisme économique, la confiance aux intelligences, ressources, capacités et créativité nationales, la nationalisation des secteurs clés de notre économie avec contrôle ouvrier et citoyen, la valorisation des opportunités offertes par les TIC et les services, le travail, l’effort et les sacrifices partagés ; mais aussi et surtout , la discipline et le changement déterminé des mentalités et comportements, avec la claire conscience que « nous ne devons rien attendre si ce n’est de nous mêmes ». Plan Sénégal Indépendant au service du peuple, disons- nous: moom sa bopp, moom sa rééw, askan wi tekki, c’est-à-dire se sortir du nœud gordien de la dépendance, de l’aliénation, de la pauvreté et de l’ignorance, pour l’émancipation et l’épanouissement des larges masses populaires, à travers notamment la souveraineté alimentaire, la santé et l’école publiques de qualité, le logement décent, l’emploi rémunérateur et durable, cinq piliers fondamentaux de la prospérité et du bien-être social partagés.

4. Concernant les élections locales du 29 juin 2014 : Yoonu Askan Wi entend promouvoir des listes de rassemblement populaire et citoyen, autour des objectifs suivants : aller à la conquête des collectivités locales, parachever la victoire du 25 Mars, mettre à l’épreuve le projet d’unification de la gauche, expérimenter notre vision du développement local dans le contexte d’un ‘’Acte 3 de la décentralisation’’ adopté au forceps. A nos yeux, tout approfondissement de la décentralisation passera nécessairement par le renforcement des prérogatives des pouvoirs locaux pour la libre administration des collectivités locales par elles mêmes, l’élévation de la qualité de la parité et de la gouvernance communale, au service de la démocratie participative et du développement local. Nous saisissons l’occasion pour lancer un appel pressant aux jeunes, hommes et femmes, à assumer pleinement leur citoyenneté et à s’inscrire massivement sur les listes électorales, ouvertes jusqu’au 30 janvier 2014.

5. S’agissant de l’arraisonnement du bateau russe « Oleg Naydenov », nous exprimons notre accord total avec la volonté gouvernementale de renforcement des moyens de lutte de l’armée nationale contre le pillage maffieux de nos ressources halieutiques, qui fait perdre à notre économie, selon jeuneafrique.com, près de 150 milliards de francs CFA par an ! Cependant, de notre point de vue, les autorités sénégalaises, tout en restant fermes sur les principes d’indépendance et de souveraineté, doivent avoir l’intelligence d’éviter de se mettre à dos un pays voisin et frère comme la Guinée Bissau, au regard de nos liens séculaires, socioculturels, politiques et économiques, sans oublier son rôle incontournable pour une solution pacifique au conflit en Casamance. A ce sujet d’ailleurs, Yoonu Askan Wi condamne énergiquement la répression et l’utilisation de balles réelles contre des élèves en grève pour des revendications légitimes à Djirédji et à Oulampane. Aujourd’hui qu’une accalmie relative s’installe et que les différents fronts du MFDC se montrent disposés à la négociation et à la paix, il serait impardonnable que des bavures commises sur des populations civiles casamançaises, conduisent à réveiller des frustrations et mécontentements préjudiciables au règlement rapide du conflit. En même temps, nous déplorons les difficultés liées au boycott et au contournement de la transgambienne : l’enchevêtrement du Sénégal et de la Gambie est tel qu’il exige de leurs dirigeants respectifs esprit de responsabilité et de solidarité pour des solutions de sortie de crise concertées, courageuses et durables, dans le sens bien compris de la construction de l’intégration sous régionale et du panafricanisme des peuples.

6. L’Afrique et la Palestine : A la crise économique et sociale qui frappe l’Afrique, continent objet de toutes les convoitises, il faut ajouter la faillite de l’Etat et des élites politiques dirigeantes, illustrée par leur impuissance face aux crises naguère en Côte d’Ivoire et en Libye, aujourd’hui en RDC, au Mali, en Centrafrique et au Sud Soudan, ou le manque de réaction appropriée devant les traitements inhumains infligés aux migrants africains. De partout en Afrique, s’exprime un besoin de MANDELA. Puisse son exemple inspirer et faire vivre sur notre continent un leadership de rupture, de dévouement absolu au peuple, de simplicité, de refus de toute gouvernance pouvoiriste de prédation et de soumission. Le Sénégal ne peut que courir des risques en s’alignant sur les politiques géostratégiques de la France et des USA, en se faisant le siège ou le relais de leurs Etats- majors de ‘’lutte anti terroriste’’ dans l’espace du Sahel. Devant les défis multiples qui interpellent l’Afrique, notre sous région notamment, Yoonu Askan Wi tend une main militante et fraternelle aux partis et organisations progressistes des pays voisins immédiats du Sénégal : Gambie, Guinée Bissau, Mali, Mauritanie, Guinée Conakry, Cap Vert, afin de mettre sur pied, ici et maintenant, à l’image du RDA et du PAI historiques, un vaste mouvement politique transfrontalier en tant que cadre de réflexion, d’élaboration, de concertation et d’action, sur la voie de la construction des Etats Unis Socialistes d’Afrique.

Pour terminer, réaffirmant son soutien à la juste lutte du peuple palestinien, dans un contexte de relance des initiatives diplomatiques en faveur de la paix avec Israël, Yoonu Askan Wi exige la libération immédiate de Marwan Barghouti, dirigeant du Fatah, héritier politique de Yasser Arafat, condamné à perpétuité et détenu depuis près de 12 ans. Liberté pour Barghouti et tous les combattants emprisonnés! Pour un Etat palestinien libre, indépendant et démocratique sur les frontières de 1967 garanties par l’ONU, avec Jérusalem Est comme capitale ! Comme le disait Nelson MANDELA, “nous savons tous très bien que notre liberté ne sera pas entière tant que les Palestiniens ne seront pas libres”.

Le Secrétariat Permanent de Yoonu Askan Wi /