Transition : La Tunisie a son gouvernement, mais pas sa Constitution

Mehdi Jomaâ a annoncé dimanche soir avoir présenté son gouvernement d’indépendants au président Moncef Marzouki. «J’ai remis au président la liste des membres du gouvernement candidat pour recevoir la confiance de l’Assemblée nationale constituante» (ANC), a dit M. Jomaâ souhaitant qu’il «l’obtiendra le plus vite possible». La législation prévoit un vote sous trois jours.

En revanche, le vote de la Constitution a pris du retard et n’était toujours pas intervenu dans la soirée. «J’ai formé ma liste sur la base de trois critères : la compétence, l’indépendance et l’intégrité», a-t-il affirmé. Ce cabinet d’indépendants est «une équipe extraordinaire qui a conscience des défis», a-t-il dit. «La mission n’est pas facile», a-t-il ajouté. Comme promis, la liste est constituée de personnalités réputées indépendantes et non politiques pour conduire la Tunisie vers des élections en 2014.

ministre contesté reconduit
M. Jomaâ, ministre sortant de l’Industrie, a reconduit toutefois un de ses collègues, le ministre de l’Intérieur Lotfi Ben Jeddou, bien que ses détracteurs aient lutté jusqu’au bout pour qu’il quitte ses fonctions. Il a attribué le portefeuille des Finances à un économiste Hakim Ben Hammouda et celui des Affaires étrangères à un ancien responsable de l’ONU. Mehdi Jomaâ n’avait pas réussi samedi à constituer son cabinet dans le délai légal de quinze jours en raison des blocages restants mais levés depuis. L’entrée en fonction d’un cabinet non politique est la pierre angulaire d’un accord entre les islamistes du parti Ennahda, majoritaires à l’Assemblée, et leurs détracteurs pour sortir le pays de la profonde crise politique déclenchée il y a six mois par l’assassinat d’un député d’opposition, Mohamed Brahmi.

Elections prévues
Ennahda a accepté en octobre de quitter le pouvoir pour laisser des indépendants organiser les législatives et la présidentielle, mais les controverses et désaccords politiques ont sans cesse retardé ce processus. Par ailleurs, la Constituante devait adopter dimanche dans la soirée la nouvelle Constitution du pays. Le vote sur la Constitution, prévu au départ pour 16h00, a pris du retard. L’Assemblée a d’abord rectifié trois articles du projet puis les députés ont adopté une réforme de la motion de censure qui a permis l’annonce de la constitution du gouvernement dans la soirée.

Vote attendu à l’Assemblée
Cette Constitution, qui consacre un exécutif double et accorde une place réduite à l’islam, devrait recueillir la majorité nécessaire des deux tiers, des compromis assez larges ayant été négociés pour permettre son adoption. Une cérémonie de signature par le chef de l’Etat Moncef Marzouki, le président de l’ANC Mustapha Ben Jaafar et le Premier ministre sortant, l’islamiste Ali Larayedh, a d’ores et déjà été annoncée pour 11 heures lundi. Plus de deux ans de travaux ont été nécessaires pour aboutir à ce compromis. En cas d’échec toutefois, une seconde lecture devra avoir lieu. Si elle échoue aussi, le projet sera soumis à référendum, ce que l’essentiel de la classe politique souhaite éviter.

(ats/Newsnet)