Le président russe Vladimir Poutine a qualifié samedi d’«absurdité totale» les accusations d’utilisation d’armes chimiques par la Syrie et a appelé les Etats-Unis à présenter des preuves de leurs dires. «Les forces syriennes sont à l’offensive et cernent l’opposition dans plusieurs régions. Dans ces conditions, fournir un atout à ceux qui appellent à une intervention armée serait une absurdité totale», a déclaré M. Poutine aux journalistes à Vladivostok (Extrême-Orient russe), en répondant à une question sur l’utilisation présumée d’armes chimiques par le régime syrien. «Cela va à l’encontre de toute logique», a-t-il insisté.
«Une provocation»
«Je suis convaincu que ce n’est qu’une provocation de ceux qui veulent entraîner d’autres pays dans le conflit syrien et s’assurer le soutien d’acteurs internationaux puissants, en premier lieu celui des Etats-Unis», a indiqué M. Poutine. Le président russe a appelé Washington à présenter à l’ONU les preuves qu’il dit détenir, en soulignant que «l’interception de conversations quelconques ne pouvait pas servir de base pour la prise de décisions fondamentales, notamment le recours à la force contre un Etat souverain». «Concernant la position de nos amis américains, qui affirment que les troupes gouvernementales (syriennes) ont utilisé (…) des armes chimiques et disent avoir des preuves, eh bien, qu’ils les montrent aux enquêteurs des Nations unies et au Conseil de sécurité», a dit Vladimir Poutine. «S’ils ne le font pas, cela veut dire qu’il n’y en a pas», a-t-il dit.
Dans quel intérêt?
«Est-ce que c’est dans les intérêts des Etats-Unis de détruire une fois de plus le système de sécurité international, les bases fondamentales du droit international? Est-ce que cela va renforcer le prestige international des Etats-Unis? C’est peu probable», a poursuivi M. Poutine, en appelant Washington à bien réfléchir avant de prendre une décision sur un éventuel recours à la force. Le président russe a également proposé d’évoquer le conflit syrien dans le cadre du sommet du G20 prévu les 5 et 6 septembre à Saint-Pétersbourg, la deuxième ville de Russie (nord-ouest). «Evidemment, le G20 ne peut pas remplacer le Conseil de sécurité des Nations Unies (…). Mais c’est un bon terrain pour discuter un problème. Pourquoi pas en profiter?», a indiqué M. Poutine.
Une tentative de jeter le discrédit
Il s’agit de la première réaction publique de Vladimir Poutine au rapport des services de renseignement américains accusant le régime du président Bachar al-Assad d’avoir utilisé des armes chimiques lors d’une attaque dans les faubourgs de Damas, le 21 août, et d’avoir ainsi provoqué la mort de plusieurs centaines de personnes. Les Etats-Unis et la France appellent à agir contre le régime du président Assad, le président américain Barack Obama évoquant une action militaire «limitée». Pour sa part, Moscou accuse les rebelles d’avoir utilisé des armes chimiques pour discréditer le gouvernement. La Russie, qui soutient le régime de Damas depuis le début du conflit en Syrie il y a deux ans et demi, a bloqué jusqu’ici avec la Chine toute décision au Conseil de sécurité de l’ONU qui viserait à prendre des sanctions ou à lancer une action punitive contre le président Assad.
(afp/Newsnet)